Un taux modéré de fer dans le sang pourrait prolonger la durée de vie

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Des chercheurs de l’Université d’Édimbourg et de l’Institut Max Planck de biologie du vieillissement viennent de trouver un point commun entre des dizaines de milliers de personnes ayant vécu plus longtemps que la normale : ils montraient tous un taux de fer sanguin relativement modéré. Une découverte qui pourrait ouvrir la voie à la formulation de produits pharmaceutiques pouvant prolonger la vie…

Augmenter la durée de vie en avalant une pilule, voilà un défi qui relève de la science-fiction… Pourtant, une équipe de scientifiques vient de mettre le doigt sur l’un des éléments qui pourrait peut-être rendre la chose possible un jour. Après avoir analysé les données génétiques de 1,75 million de personnes, dont 60’000 ont atteint un âge inhabituellement avancé, ils ont découvert que ces dernières possédaient plusieurs gènes chargés de réguler le taux de fer dans le sang.

Mieux vieillir, et plus longtemps

Le vieillissement biologique, soit la vitesse à laquelle notre corps se dégrade au fil du temps, varie grandement selon les personnes. Il se caractérise par une baisse progressive de la capacité de l’organisme à maintenir l’homéostasie, autrement dit, à conserver un certain équilibre interne en maintenant les divers paramètres physiologiques à des valeurs stables. Ainsi, l’âge entraîne parfois des maladies pouvant mener à la mort, notamment des cancers, des maladies cardiaques ou la démence.

Pourquoi certaines personnes sont-elles atteintes de maladies chroniques précoces et meurent avant l’âge de 60 ans, tandis que d’autres affichent une longévité exceptionnelle et restent en bonne santé jusqu’à la fin de leur vie ? C’est le mystère que la communauté scientifique espère bien résoudre un jour…

Les études concernant les paramètres pouvant influencer les risques de maladie et/ou la durée de vie ne manquent pas. Le mode de vie, l’environnement, la profession, l’alimentation, la génétique, etc., voilà tout autant de facteurs à prendre en compte. De précédentes études suggèrent que la composante génétique de la durée de vie et du nombre d’années vécues en bonne santé n’est que d’environ 10 %. Seuls des échantillons suffisamment grands peuvent donc être utilisés pour mettre en exergue le rôle exact des gènes impliqués dans le vieillissement.

Or, dans le cadre de cette étude, l’équipe a pu analyser les données d’un échantillon extrêmement large (1,75 million de personnes !), issues de bases de données accessibles au public, ce qui leur a permis d’obtenir des informations très détaillées. Ils se sont intéressés en particulier à trois phénotypes liés au vieillissement : les années de vie sans maladie, la durée de vie totale, et la longévité (soit une durée de vie exceptionnellement longue, définie comme la survie au-delà de l’âge correspondant au 90e centile).

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La durée de vie totale (lifespan) est fortement corrélée à la fois à la durée de vie « en bonne santé » (healthspan) et à la longévité, tandis que ces deux dernières montrent une corrélation plus faible entre elles. Crédits : P. Timmers et al.

Ils ont ainsi identifié dix loci – des positions bien déterminées d’un gène – influençant la valeur de ces trois variables. La majorité de ces loci sont associés à des maladies cardiovasculaires et certains affectent l’expression de gènes connus pour modifier leur activité avec l’âge. Les scientifiques ont également constaté que les ensembles de gènes impliqués dans le métabolisme du fer étaient surreprésentés dans leur analyse de ces trois mesures liées au vieillissement. Dans le futur, la conception d’un médicament imitant l’influence de cette variation génétique pourrait ainsi permettre de surmonter certains effets du vieillissement…

Le chaînon manquant entre durée de vie, régime alimentaire et maladie ?

Le fer est impliqué dans des fonctions majeures du corps humain : il est un composant de l’hémoglobine, une protéine chargée de transporter l’oxygène des poumons vers les autres organes ; il entre également dans la composition de la myoglobine, responsable du stockage de l’oxygène dans les muscles.

Mais le taux de fer sanguin peut être potentiellement affecté par l’alimentation ; des niveaux anormalement élevés ou faibles sont liés à des pathologies liées à l’âge telles que la maladie de Parkinson, des maladies du foie et plus globalement, une diminution de la capacité du corps à lutter contre l’infection.

Paul Timmers, l’un des auteurs de l’étude, estime ainsi que garder le niveau de fer sous contrôle pourrait prévenir les dommages liés à l’âge. En outre, cette étude pourrait expliquer pourquoi une consommation élevée de viande rouge est associée à une mort prématurée (elle est classée comme « probablement cancérogène pour l’homme » par l’OMS) : la haute teneur en fer de cet aliment pourrait favoriser l’apparition de cancers et de maladies cardiaques ou intestinales…

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Néanmoins, les chercheurs soulignent que le lien avec l’alimentation n’est pas encore clair et que des analyses complémentaires seront sans doute nécessaires. Cette étude révèle toutefois une première piste sérieuse vers la clé de la longévité. Elle pourrait notamment accélérer le développement de médicaments visant à éviter l’apparition de maladies liées à l’âge.

« Notre objectif ultime est de découvrir comment le vieillissement est réglementé et de trouver des moyens d’améliorer la santé pendant le vieillissement », a déclaré le Dr Joris Deelen de l’Institut Max Planck, co-auteur de l’étude. Les dix régions du génome repérées par l’équipe feront certainement l’objet de futures études pour comprendre précisément comment elles influencent la durée de vie et la santé des individus.

Source : Nature Communications, P. Timmers et al.

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