Posséder un animal de compagnie protégerait le cerveau contre les effets du vieillissement

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| Yakobchuk Olena/Adobe Stock
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Le chien est le meilleur ami de l’Homme. Ce maxime revêt désormais un nouvel aspect, à la lumière des dernières découvertes concernant les animaux de compagnie. Outre les bienfaits physiques qu’ils procurent à leurs propriétaires, notamment au niveau de la tension artérielle et de l’activité quotidienne, ils seraient tout aussi bénéfiques à notre cerveau. Selon des chercheurs américains, posséder un animal de compagnie à long terme peut retarder la perte de mémoire et d’autres types de déclin cognitif.

Selon l’OMS, on compte 50 millions de personnes atteintes de démence dans le monde, et il apparaît chaque année près de 10 millions de nouveaux cas. La maladie d’Alzheimer est la cause la plus courante de démence et serait à l’origine de 60 à 70% des cas. D’ailleurs, en France, plus d’un million de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer, avec 225 000 nouveaux cas chaque année. La démence est l’une des causes principales de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées dans le monde.

Les recherches pour trouver un traitement afin de ralentir le processus du déclin cognitif se multiplient, sans grand succès jusqu’à présent. Le diagnostic précoce est néanmoins un moyen efficace de lutte contre un déclin rapide. En effet, environ un tiers des cas de démence sont attribuables à des causes modifiables, notamment l’inactivité physique, l’isolement, les maladies cardiovasculaires et l’hypertension, la dépression, l’anxiété et le stress chronique.

Les efforts visant à soutenir les habitudes de vie qui réduisent le développement ou la gravité de ces pathologies offrent une opportunité de maintenir la santé cognitive des personnes âgées. La possession d’un animal de compagnie représente un aspect important, bien que peu étudié, du mode de vie et de l’environnement social des personnes âgées, et pourrait influencer la santé cognitive.

Dans ce contexte, des chercheurs américains ont démontré le bénéfice sur la santé mentale et psychique de posséder un animal de compagnie. Leurs travaux sont publiés dans la revue Journal of Aging and Health, après avoir été présentés en avril 2022 lors de la 74e réunion annuelle de l’American Academy of Neurology.

Une étude inédite sur les animaux de compagnie et la santé humaine

Il s’agit de la première étude qui examine l’effet de la durée de possession d’un animal de compagnie sur la fonction cognitive. Les chercheurs ont analysé un échantillon de 1300 adultes américains âgés de 50 ans ou plus, suivis sur 6 ans. Ils proviennent d’une autre enquête regroupant 20 000 adultes américains, suivis entre 2010 à 2016 dans le cadre d’un travail de recherche sur la santé et la retraite.

L’âge moyen des personnes incluses était de 65 ans, et toute personne présentant un déclin cognitif au début de la recherche a été exclue de l’analyse. 53% possédaient des animaux de compagnie, dont près d’un tiers depuis plus de cinq ans. Bien que tous les types d’animaux de compagnie aient été inclus dans l’étude — lapins, hamsters, oiseaux, poissons et reptiles —, les chiens étaient les plus répandus, suivis des chats.

Sur six ans, les scores cognitifs ont diminué plus lentement chez les propriétaires d’animaux de compagnie et étaient plus élevés chez les propriétaires d’animaux de compagnie à long terme. Plus précisément, les chercheurs ont découvert que les adultes âgés de 50 ans ou plus et qui possédaient n’importe quel type d’animal de compagnie depuis plus de cinq ans présentaient un déclin plus lent de la mémoire verbale — être capable de se rappeler des mots d’une liste — par rapport aux non-propriétaires d’animaux.

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Score cognitif moyen pondéré de 2010 à 2016, selon la durée de possession d’un animal de compagnie, en haut pour les personnes âgées de moins de 65 ans ; en bas pour les plus de 65 ans. © J. Applebaum et al., 2022

Jennifer Applebaum, doctorante en sociologie et boursière pré-doctorale des National Institutes of Health de l’Université de Floride, et auteure principale de l’étude, déclare dans un communiqué : « Nous ne pouvons pas démontrer un lien causal, mais cela montre que les animaux de compagnie pourraient limiter ou avoir un effet protecteur sur la cognition des personnes âgées. Nous pensons que cela a un lien avec certains des mécanismes associés à la protection contre le stress ».

Posséder un animal de compagnie, gage d’un vieillissement en bonne santé ?

Il faut préciser qu’il existe de nombreuses études sur les avantages, pour la santé mentale et physique, à la possession d’un animal de compagnie, bien que les résultats ne soient pas concluants. Cependant, la communauté scientifique pense qu’une relation positive avec un animal de compagnie atténue le stress via un soutien émotionnel, ce qui peut également favoriser un vieillissement cognitif sain. Prendre soin d’un animal de compagnie — promener un chien, nourrir un chat — stimule également l’activité physique, directement liée à la santé cognitive.

Selon les auteurs, ces résultats fournissent des preuves précoces suggérant que la possession d’un animal de compagnie à long terme pourrait protéger contre le déclin cognitif, « fournissant une étape nouvelle et fondamentale pour examiner comment des relations durables avec des animaux de compagnie contribuent à la santé du cerveau ».

Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les réelles implications de ces résultats, d’autres facteurs pouvant y contribuer. En effet, l’étude a montré que les propriétaires d’animaux ont tendance à avoir un statut socio-économique plus élevé, ce qui pourrait également expliquer les avantages liés à la présence d’un animal. Ainsi, les experts affirment que les personnes ayant un revenu plus élevé sont plus susceptibles de consulter un médecin et de prendre soin de leur santé.

Des recommandations simples à mettre en place

Applebaum explique que les chercheurs ne recommandent pas la possession d’un animal de compagnie comme intervention thérapeutique. Cependant, elle ajoute : « Une séparation non désirée d’un animal de compagnie peut être dévastatrice pour un propriétaire, et les populations marginalisées sont les plus exposées à ces résultats indésirables ».

Elle précise : « Nous recommandons que les personnes qui possèdent des animaux de compagnie soient soutenues pour les garder via des politiques publiques et des partenariats communautaires ». Parmi les politiques qui pourraient être envisagées : la réduction ou l’élimination des frais pour les animaux de compagnie dans les logements locatifs, le soutien en famille d’accueil ou en pension en période de crise liée à la santé ou d’autres urgences, et les soins vétérinaires gratuits ou à faible coût pour les propriétaires à faible revenu.

Source : Journal of Aging and Health

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