Des scientifiques ont découvert un écosystème souterrain composé d’un nombre impressionnant de microorganismes

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Un échantillon de la diversité se trouvant bien en dessous de nos pieds. | G. Borgonie/K. Knittel-MPI Bremen/G. Wanger, G. Southam/JAMSTEC
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Des chercheurs ont découvert que la vie était encore fortement présente même à plusieurs kilomètres sous terre, montrant également les fantastiques capacités des microorganisme à s’adapter aux milieux hostiles.

Une étude effectuée par le programme de recherche international Deep Carbon Observatory, réunissant plus de 1200 scientifiques de 52 pays et qui dura plus de dix ans, a permis de mettre en lumière l’incroyable diversité microscopique se trouvant à des profondeurs des plus inhospitalières, où l’extrême chaleur, la pauvreté des ressources nutritionnelles, l’absence de lumière ou encore la forte pression, ne ferait guère imaginer une telle richesse microbiologique.

Selon les chercheurs, cet écosystème souterrain représenterait deux fois la taille totale de tous les océans réunis, et aurait une masse comprise entre 15 et 23 milliards de tonnes, soit cent fois plus que la masse totale des êtres humains.

« C’est comme trouver un tout nouveau réservoir de vie sur Terre », déclare Karen Lloyd, professeur à l’Université du Tennessee. « Nous découvrons constamment de nouveaux types de vie. Beaucoup plus de vies se trouvent sous terre plutôt qu’en surface ».

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L’équipe avait prélevé ses échantillons dans des sites de forages sous-marins, à plus de 5 km sous la surface, pour construire un modèle de l’écosystème s’y trouvant, et estimer sa biomasse à base de carbone.

Ils ont pu estimer que plus de 70% des bactéries et archéobactéries présentes sur Terre se trouvaient dans ces profondeurs, dont de nombreux microorganismes extrémophiles déjà connus, vivant aussi dans des milieux moins hostiles.

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Un nématode (1), une colonie d’archéobactéries (2), une bactérie sulfuro-réductrice (3), et une bactérie méthanogène (4). Un échantillon de la diversité se trouvant bien en dessous de nos pieds. Crédits : Gaetan Borgonie/Katrin Knittel-MPI Bremen/Greg Wanger, Gordon Southam/JAMSTEC

Comme on pouvait s’y attendre, la majorité de ces organismes possèdent un métabolisme très différent de ceux connus, comme une bactérie méthanogène découverte à environ 2.5 km de profondeur, qui a trouvé un moyen de produire du méthane dans ce milieu extrêmement pauvre en ressources, qu’elle utilise surtout pour se réparer ou se régénérer plutôt que pour se diviser ou se reproduire. Éviter une importante réplication lui permet certainement d’éviter une forte consommation des ressources présentes, qui sont très faibles.

« La chose la plus étrange pour moi est que certains organismes peuvent exister pendant des millénaires. Ils sont métaboliquement actifs mais en stase, avec moins d’énergie nécessaire pour soutenir la vie que nous le pensions », déclare Lloyd.

Pour l’écologiste microbien Rick Colwell, ces microorganismes souterrains vivent depuis des milliers d’années en ne bougeant que très peu, car ils ont une échelle de temps complètement différente.

Les chercheurs ont essayé de découvrir la profondeur maximale où la vie est possible, mais à leur grande surprise, plus ils descendaient, plus il y en avait. Ils ont déterminé que la température maximale était de 122 degrés, mais il y a des chances que ce chiffre augmente à l’avenir, quand il sera possible de creuser davantage.

La taille de la biosphère souterraine varie entre chaque régions, mais ils estiment qu’elle serait de 2 milliards de km2 si on les réunissaient toutes.

Ces découvertes ont été possibles grâce aux progrès technologiques réalisés sur les foreuses — qui peuvent creuser de plus en plus loin — et sur les microscopes, qui permettent de détecter la vie en quelques minutes seulement.

Selon les chercheurs, l’étude sur l’origine de la colonisation de ce milieu par ces microorganismes, et leur possible rôle sur des processus chimiques s’y effectuant, pourrait permettre de comprendre comment la Terre et la vie ont co-évolué. Ils considèrent leur découverte comme faisant partie du domaine de l’exobiologie, l’étude de la vie extraterrestre.

Le minéralogiste Rober Hazen déclare : « Nous devons nous poser la question suivante : si la vie sur Terre peut être aussi différente de ce à quoi l’expérience nous a conduit, à quelle étrangeté pourrait-on nous attendre sur d’autres planètes ? ».

Source : The Guardian

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