Les États-Unis préparent leur exploitation du sol lunaire

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La conquête spatiale n’est pas qu’une question d’exploration et de curiosité. Les autres planètes et lunes du Système solaire réservent bien des secrets, mais elles constituent surtout de potentielles ressources naturelles supplémentaires. Dans ce contexte, les États-Unis – conscients de ce que la Lune et autres objets célestes pourraient nous apporter – viennent de signer un nouveau décret destiné à soutenir l’exploitation de ces ressources.

Lundi 6 avril, Donald Trump a signé un document pour engager la politique américaine dans l’exploitation des ressources extraterrestres. La Maison Blanche estime en effet que la glace et les ressources minérales lunaires pourraient permettre aux États-Unis d’établir une présence humaine à long terme sur notre satellite naturel.

Petit rappel historique des lois de l’espace

Rappelons que tout ce qui touche à l’exploration et à l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique – donc sol lunaire y compris – a été défini dans le Traité de l’espace, signé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviétique le 27 janvier 1967 (la France l’a signé en août 1970). Ce document officiel a permis de poser les fondements juridiques de l’exploration spatiale dans un contexte politique relativement tendu (en pleine guerre froide). Le texte prévoit notamment une liberté d’accès des États à l’espace extra-atmosphérique, sans que l’un d’entre eux puisse se l’approprier. Et chacun doit prêter assistance aux astronautes, quelle que soit leur nationalité.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Quelques années après, en 1979, le Traité sur la Lune a suivi. Ratifié par quinze pays, il stipule notamment – à l’instar du Traité de l’espace – que la Lune ne peut être utilisée qu’à des fins pacifiques et que l’utilisation non scientifique de ses ressources doit être régie par un cadre réglementaire international. À savoir que les États-Unis, comme les autres grandes nations ayant un programme autonome de vol spatial habité actif ou en développement, n’ont pas signé ce traité à l’époque.

Puis, en 2015, le Congrès américain a adopté une loi, baptisée SPACE Act, autorisant explicitement les entreprises et les citoyens américains à explorer et exploiter les ressources spatiales à des fins commerciales. À noter que cette loi inclut l’eau et les minéraux, mais exclut la vie. En d’autres termes, le traité international de l’espace de 1967 semble clairement passé à la trappe…

De la Lune à Mars

Avec ce nouveau décret, les États-Unis vont un cran plus loin dans leur « appropriation » de la Lune. Ils ne considèrent pas l’espace comme un « bien commun mondial » et voient simplement dans la Lune une opportunité d’exploitation minière supplémentaire. Le document, intitulé Encouraging International Support for the Recovery and Use of Space Resources (« Encourager le soutien international pour la récupération et l’utilisation des ressources spatiales ») serait en préparation depuis environ un an, selon un haut responsable de l’Administration américaine.

Sa création a notamment été motivée par la préparation de la mission Artemis de la NASA, dont l’objectif est d’amener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2024, pour y établir une présence humaine durable d’ici 2028. Les États-Unis sont en effet en pleines négociations avec des partenaires internationaux pour accélérer le développement du projet et souhaitaient clarifier leur position quant aux activités qu’ils prévoient d’y mener.

« Alors que l’Amérique se prépare à ramener l’Homme sur la Lune et à se rendre sur Mars, ce décret établit la politique américaine de récupération et d’utilisation des ressources spatiales, telles que l’eau et certains minéraux, afin d’encourager le développement commercial de l’espace », a déclaré Scott Pace, secrétaire exécutif de l’U.S. National Space Council.

Sur le même sujet : Des astronautes expliquent pourquoi l’Homme n’est toujours pas retourné sur la Lune

Mais Artemis ne serait qu’un « avant-goût » d’une colonisation bien plus lointaine. La NASA et ses partenaires ambitionnent de coloniser Mars dans les années 2030. La mission Artemis sera en réalité l’opportunité d’apprendre à guider et soutenir les astronautes, situés loin dans l’espace et sur une longue période.

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Le président américain Donald Trump brandit la « Directive sur la politique spatiale – 1 » après l’avoir signée lors d’une cérémonie avec les astronautes de la NASA Peggy Whitson, Buzz Aldrin et Jack Schmitt dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, le 11 décembre 2017 à Washington DC. Crédits : Chip Somodevilla/Getty

À l’origine, le lancement de la mission était prévu pour 2028, mais le président américain – qui a toujours montré un réel intérêt pour la conquête spatiale et les opportunités qu’elle pourrait lever – a fait en sorte d’avancer le projet de quatre ans. En décembre 2017, il déclarait en évoquant la mission Apollo 17 : « Il y a exactement 45 ans, presque à la minute près, Jack [Schmitt] est devenu l’un des derniers Américains à atterrir sur la Lune. Aujourd’hui, nous nous engageons à ce qu’il ne soit pas le dernier ».

Dernière directive en date signée par Trump : la Directive sur la politique spatiale – 4, en février 2019, qui appelle à la création de la Force spatiale des États-Unis, la première nouvelle branche militaire américaine depuis la création de l’Air Force en 1947.

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