FIV : une entreprise analyse les embryons et les classe en fonction de leur QI

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La fécondation in vitro (FIV), longtemps perçue comme un ultime recours pour les couples éprouvant des difficultés à procréer, pourrait bientôt fortement attirer ceux en mesure de concevoir naturellement. Pourquoi ? Une entreprise américaine propose désormais de sélectionner les embryons en fonction de leur profil génétique afin de choisir le plus prometteur — notamment avec un QI potentiellement plus élevé.

Lors d’une FIV, plusieurs ovocytes sont fécondés, permettant ainsi de recourir à une méthode dite de « prédiction génomique » pour analyser ces embryons et en déterminer la valeur génétique. Heliospect Genomics, une start-up américaine, a ainsi bâti une offre commerciale reposant sur cette technologie. Elle propose d’évaluer les embryons selon des prédictions génomiques, permettant aux futurs parents de choisir, par exemple, celui au QI potentiellement le plus élevé.

Ce service, à la fois singulier et controversé, demeure hors de portée du grand public, accessible à une clientèle restreinte prête à débourser plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de dollars. Heliospect mène ce projet, baptisé PolygenX, avec une grande discrétion. Cependant, l’organisation de défense des droits « Hope not Hate » a réussi à obtenir des informations confidentielles sur le service. L’un de ses membres, s’étant infiltré sous la couverture d’un potentiel client, a rapporté diverses activités de l’entreprise. Un rapport détaillant l’offre proposée a été récemment publié.

Les principales démarches de PolygenX

L’entreprise recommande d’abord aux parents de suivre un traitement standard de FIV. Une fois les embryons formés, leurs données génétiques sont transmises à Heliospect pour analyse. Cette dernière permet d’identifier les potentiels génétiques de chaque embryon, en évaluant des caractéristiques telles que le QI, le risque de TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), le trouble bipolaire, le sexe et la susceptibilité à diverses formes de cancer. Les scientifiques s’appuient sur des algorithmes sophistiqués pour examiner les données génétiques et établir des prédictions.

Les embryons sont ensuite classés selon les caractéristiques génétiques prédites, accessibles via une plateforme privée pour les clients. Les futurs parents choisissent alors l’embryon à implanter en fonction des traits qu’ils jugent souhaitables. L’implantation revient à la clinique de FIV.

La technologie prédictive d’Heliospect repose notamment sur des données issues de l’UK Biobank, une vaste base de données biomédicale britannique renfermant des informations génétiques et sanitaires collectées auprès d’un demi-million de volontaires.

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Captures d’écran lors de la présentation du projet PolygenX. © Hope not Hate

La pratique est-elle légale ?

Selon un rapport de l’association Hope not Hate, la législation britannique interdit la sélection d’embryons basés sur le QI. Au Royaume-Uni, les tests embryonnaires sont strictement limités à la détection de problèmes de santé graves. De plus, Heliospect aurait sollicité l’accès aux données de l’UK Biobank, prétendant vouloir améliorer la prédiction de traits complexes, sans préciser la nature de ces traits ni ses intentions commerciales.

Cependant, d’après The Guardian, Heliospect assure respecter les lois et réglementations des pays où elle opère, notant que les règles en embryologie sont moins strictes aux États-Unis, où elle est implantée. L’UK Biobank a confirmé que l’utilisation des données par Heliospect respectait ses conditions d’accès.

Des conséquences sociales

Au-delà des questions légales, ce service soulève des interrogations éthiques. Heliospect promet une personnalisation extrême des traits des futurs enfants. Socialement, cette quête de la « perfection génétique » pourrait stigmatiser ceux aux traits jugés moins désirables. Katie Hasson, directrice adjointe du Center for Genetics and Society, souligne que cette pratique encourage l’idée que les inégalités ont des causes biologiques plutôt que sociales.

Quoi qu’il en soit, Michael Christensen, PDG d’Heliospect, semble ignorer les conséquences potentielles de son service. Convaincu que sa technologie permettra aux parents d’avoir des enfants intelligents et en bonne santé, il envisage même des améliorations futures. La prédiction pourrait inclure des traits liés à des comportements sociaux destructeurs tels que le machiavélisme, le narcissisme et la psychopathie. Christensen imagine un futur où les ovules seraient cultivés à grande échelle en laboratoire, offrant aux parents un éventail plus large d’embryons pour maximiser les chances de donner naissance à de futures élites.

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