Le sémaglutide surprend encore en montrant une réduction de l’envie d’alcool et de tabac

Une nouvelle étude met en lumière le potentiel des médicaments GLP 1 pour réduire les envies d’alcool
| Pixabay
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Bien que Wegovy soit approuvé pour la gestion du poids et Ozempic pour le diabète de type 2, ces deux médicaments partagent le même principe actif, le sémaglutide, un agoniste du récepteur GLP-1. Si leur efficacité dans leurs indications premières est avérée, des études suggèrent qu’ils pourraient également réduire le risque de maladies cardiovasculaires et d’apnée du sommeil, entre autres. Une étude récente, publiée dans JAMA Psychiatry, met en lumière un autre effet potentiel du sémaglutide : la diminution des envies de consommer de l’alcool et du tabac.

Chaque année en France, l’alcool est responsable d’environ 41 000 décès liés à des pathologies graves telles que la cirrhose, certaines maladies cardiovasculaires ou encore des cancers, notamment celui de la tête et du cou. Aux États-Unis, les chiffres sont encore plus alarmants, avec environ 178 000 décès attribués à la consommation d’alcool.

Pour accompagner les personnes en sevrage, plusieurs traitements existent, parmi lesquels le disulfirame (Antabuse), qui provoque des effets désagréables en cas de consommation d’alcool, la naltrexone, qui bloque les récepteurs opioïdes impliqués dans le plaisir de la consommation, ou encore l’acamprosate (Campral), conçu pour favoriser l’abstinence.

L’arrivée d’Ozempic et de Wegovy sur le marché a toutefois intrigué les chercheurs : de nombreux patients traités pour l’obésité ou le diabète ont spontanément rapporté une diminution marquée de leur envie de boire de l’alcool.

Face à ces témoignages, la communauté scientifique s’est penchée sur un possible lien entre le sémaglutide et la réduction de la consommation d’alcool. Jusqu’à récemment, la plupart des données disponibles provenaient d’études sur des modèles animaux ou d’analyses rétrospectives de dossiers médicaux.

Un traitement antidiabétique aux effets inattendus

Plus récemment, des chercheurs de l’Université de Californie du Sud (USC) ont entrepris d’évaluer plus rigoureusement ce phénomène. Dirigé par Christian Hendershot, spécialiste en recherche clinique à l’Institute for Addiction Science de l’USC, un essai clinique randomisé et contrôlé par placebo a été lancé pour tester l’effet du sémaglutide sur la consommation d’alcool.

« Les traitements actuellement approuvés pour les troubles liés à la consommation d’alcool restent peu prescrits. L’intérêt croissant pour le sémaglutide et d’autres agonistes du récepteur GLP-1 pourrait faciliter leur adoption pour cette indication, si leur efficacité est confirmée », souligne le chercheur dans un communiqué.

L’étude a porté sur 48 adultes présentant des troubles liés à la consommation d’alcool, caractérisés par une incapacité à modérer leur consommation malgré des conséquences négatives avérées. Tous avaient bu de l’alcool au cours du mois précédant l’étude.

Chez les hommes, cela représentait plus de 14 verres par semaine, avec au moins deux épisodes de consommation excessive, tandis que chez les femmes, le seuil était de sept verres hebdomadaires. Aucun des participants ne suivait de traitement spécifique pour réduire sa consommation d’alcool et la plupart d’entre eux étaient en surpoids ou obèses.

Les chercheurs ont réparti les volontaires en deux groupes : l’un recevant de faibles doses d’Ozempic, l’autre un placebo. Pendant neuf semaines, ils ont évalué l’évolution de leur consommation, tant en fréquence qu’en quantité. Avant le début des injections, chaque participant était invité à passer du temps dans un laboratoire aménagé comme un salon, où il pouvait consommer ses boissons alcoolisées habituelles à sa guise pendant environ deux heures. Les chercheurs ont ainsi pu mesurer précisément la quantité d’alcool ingérée.

Tout au long de l’étude, les participants revenaient chaque semaine pour recevoir leur injection et répondre à un questionnaire sur leur consommation récente. À l’issue du protocole, la même expérience en laboratoire était reproduite afin d’analyser d’éventuelles variations dans les comportements de consommation.

Une réduction marquée de la consommation d’alcool

Les résultats ont montré une diminution plus importante de la consommation d’alcool dans le groupe sous sémaglutide que dans le groupe placebo. Si une réduction générale a été observée chez tous les participants – possiblement en raison de l’effet placebo ou d’une prise de conscience accrue due au suivi médical – elle était nettement plus prononcée chez ceux recevant le sémaglutide. Ces derniers ont réduit leur consommation d’environ 50 % de plus que les volontaires sous placebo, comme l’indiquent les mesures de la concentration d’alcool dans l’haleine et les quantités effectivement ingérées.

Un des principaux enseignements de cette étude est que, même à faible dose, le sémaglutide semble plus efficace que les traitements actuellement disponibles pour réduire l’envie de boire. L’effet du médicament s’intensifierait par ailleurs avec l’augmentation des doses.

Au cours du deuxième mois de traitement, le nombre de jours de consommation excessive d’alcool a significativement diminué chez les patients sous sémaglutide. Près de 40 % d’entre eux n’ont rapporté aucun épisode de consommation excessive durant le dernier mois de l’étude, contre seulement 20 % dans le groupe placebo.

Autre constat notable : parmi les participants qui fumaient, ceux sous sémaglutide ont vu leur consommation de tabac baisser davantage que ceux du groupe placebo, suggérant un effet potentiel de la molécule sur la dépendance à la nicotine.

« Ces résultats indiquent que le sémaglutide et d’autres traitements similaires pourraient répondre à un besoin encore insatisfait dans la prise en charge des troubles liés à l’alcool », estime Klara Klein, chercheuse à la faculté de médecine de l’Université de Caroline du Nord. Si ces observations viennent corroborer des études menées sur des modèles animaux et des recherches préliminaires sur l’humain, les scientifiques appellent désormais à la réalisation d’essais cliniques plus vastes pour confirmer ces résultats.

Source : JAMA Psychiatry

Laisser un commentaire

Vous voulez éliminer les publicités tout en continuant de nous soutenir ?


Il suffit de s'abonner !


JE M'ABONNE