Cancer : un nouveau traitement agissant comme un « cheval de Troie » montre des résultats prometteurs

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Tandis que la recherche de traitements contre le cancer bat son plein, les chercheurs tentent de développer des mécanismes thérapeutiques innovants afin de contourner les principaux écueils rencontrés actuellement, notamment concernant la résistance des cellules cancéreuses. Une équipe internationale de cancérologues a récemment développé un nouveau traitement agissant comme un véritable « cheval de Troie » en tuant les cellules cancéreuses. Les premiers résultats cliniques sont prometteurs.

Un tout nouveau type de médicament anticancéreux qui agit comme un « cheval de Troie » pour pénétrer à l’intérieur des cellules tumorales s’est révélé prometteur pour les patients atteints de six types de cancers différents. Chez les patients atteints de cancers avancés résistants aux médicaments, plus du quart des tumeurs cervicales et de la vessie, et près de 15% des tumeurs de l’ovaire et du poumon, ont répondu positivement au nouveau traitement.

Le nouveau médicament innovant, appelé Tisotumab vedotin (ou TV), libère une substance toxique qui tue les cellules cancéreuses de l’intérieur. Les résultats ont été si positifs que le médicament est maintenant passé aux essais de phase II pour le cancer du col utérin, et sera testé dans une gamme de cancers tumoraux solides supplémentaires.

Une équipe de l’Institut du cancer de Londres et du Royal Marsden NHS Foundation a dirigé un essai clinique mondial de phases I/II sur près de 150 patients atteints de différents types de cancer et ayant cessé de répondre aux traitements classiques. L’étude a été publiée dans la revue The Lancet Oncology.

Un « cheval de Troie » moléculaire pour tuer les cellules cancéreuses de l’intérieur

Les chercheurs ont découvert qu’une minorité significative de patients atteints de cancer répondait au médicament, avec des tumeurs en diminution ou en arrêt de croissance. Ils ont observé des réponses chez 27% des patients atteints d’un cancer de la vessie, 26.5% d’un cancer du col utérin, 14% d’un cancer de l’ovaire, 13% d’un cancer de l’œsophage, 13% d’un cancer du poumon non à petites cellules et 7% d’un cancer de l’endomètre.

Les réponses ont duré en moyenne 5.7 mois et ont atteint 9.5 mois chez certains patients. Les principaux effets indésirables rapportés au cours de l’étude étaient les saignements de nez, la fatigue, les nausées et les problèmes oculaires — mais à la moitié de l’essai, les chercheurs ont ajusté le protocole pour réduire ces effets sur les yeux.

tv mecanisme action
Schéma illustrant le mécanisme d’action du TV. Crédits : Vergote I et al. 2019

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Le TV est composé d’une molécule toxique fixée à l’extrémité d’un anticorps. L’anticorps est conçu pour rechercher un récepteur appelé « facteur tissulaire » — présent à des niveaux élevés à la surface de nombreuses cellules cancéreuses et associé à un pronostic plus mauvais. La liaison au facteur tissulaire attire le médicament dans les cellules cancéreuses, où il peut les tuer de l’intérieur.

L’essai avait initialement recruté 27 patients pour évaluer l’innocuité et établir la bonne dose, avant de passer à 120 autres patients, principalement pour déterminer si le médicament atteignait la bonne cible, mais également pour déterminer son effet sur les tumeurs. La majorité des patients au début de l’essai avaient un cancer au stade avancé qui avait déjà été traité mais qui montrait une résistance à trois types de traitements différents. Les cancers en étaient devenus résistants.

Un mécanisme d’action véritablement innovant

Le TV est à présent à l’essai pour d’autres types de cancers, notamment les cancers de l’intestin, du pancréas, du poumon à cellules squameuses, ainsi que dans le cadre d’un essai de phase II en tant que traitement de deuxième intention pour le cancer du col de l’utérus. Des échantillons de biopsie prélevés au début de l’essai sont en cours d’analyse afin de déterminer l’expression du facteur tissulaire sur les cellules tumorales, afin de déterminer si elle pourrait servir de marqueur pour sélectionner les patients les plus susceptibles de réagir au médicament.

« Ce traitement est vraiment excitant en raison de son mécanisme d’action, qui est complètement nouveau : il agit comme un cheval de Troie qui se faufile dans les cellules cancéreuses et les tue de l’intérieur. Notre première étude a montré qu’il pouvait potentiellement traiter de nombreux types de cancers, en particulier ceux dont le taux de survie est très faible » explique Johann de Bono, auteur principal.

« Le TV a des effets secondaires gérables, et nous avons constaté de bonnes réponses chez les patients de notre essai, tous atteints d’un cancer au stade avancé, qui avaient été lourdement prétraités avec d’autres médicaments, et qui étaient à court d’options ».

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Coupe en microscopie électronique d’un tissu ovarien cancéreux. Le cancer des ovaires fait partie des types de cancers répondant favorablement au TV. Cr’édits : Wikimedia Commons

« Nous avons déjà commencé des essais supplémentaires de ce nouveau médicament pour différents types de tumeurs, et en tant que traitement de deuxième intention du cancer du col utérin, où les taux de réponse étaient particulièrement élevés. Nous développons également un test pour sélectionner les patients les plus susceptibles d’y répondre ».

« Nous avons constaté des avancées majeures contre le cancer au cours des dernières décennies, mais de nombreux types de tumeurs restent très difficiles à traiter une fois que le cancer a commencé à se propager. Nous avons désespérément besoin de traitements innovants, comme celui-ci, qui permettent de lutter contre le cancer de manière inédite et de rester efficaces, même contre les tumeurs devenues résistantes aux traitements classiques » ajoute Paul Workman, cancérologue. « C’est passionnant de voir le potentiel montré par le TV sur une gamme de cancers difficiles à traiter. Je suis impatient de voir les progrès réalisés à la clinique et espère que cela bénéficiera aux patients qui n’ont actuellement plus d’options de traitement » conclut-il.

Source : The Lancet Oncology

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