Les personnes dotées d’une faible littératie numérique seraient plus vulnérables aux fake news concernant la COVID-19

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| Neil Hall
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En parallèle à la pandémie à coronavirus SARS-CoV-2 qui fait rage dans de nombreux pays, une autre pandémie entraîne elle aussi des conséquences désastreuses : celle des fake news. Quotidiennement, des centaines d’informations sont relayées sur les réseaux sociaux, et un grand nombre de celles-ci, non vérifiées et non sourcées, contribuent à la désinformation du grand public. Des chercheurs se sont penchés sur la question de savoir quels sont les facteurs qui agissent sur la vulnérabilité du public aux fake news, et ils ont découvert qu’une faible littératie (l’aptitude à lire, comprendre et utiliser l’information écrite dans la vie quotidienne) numérique impacte directement la sensibilité à la désinformation concernant la COVID-19.

Les personnes dotées d’une pauvre littératie numérique sont plus susceptibles de croire à la désinformation sur la Covid-19, selon une enquête menée dans cinq pays. Des chercheurs de l’université de Cambridge expliquent que leurs résultats suggèrent que l’amélioration des compétences analytiques des gens pourrait aider à inverser la tendance de l’épidémie de « fausses nouvelles » entourant la crise sanitaire.

Cinq enquêtes nationales — reflétant les quotas nationaux d’âge et de sexe — ont été menées cette année pour évaluer la vulnérabilité à la désinformation liée aux coronavirus et son influence sur les comportements clés liés à la santé. L’étude a révélé que le prédicteur le plus cohérent de la diminution de la susceptibilité à la désinformation sur la Covid-19 était la littératie numérique.

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Littératie numérique : elle joue un rôle clé dans la vulnérabilité à la désinformation

Des personnes en Irlande, en Espagne, au Mexique, aux États-Unis et au Royaume-Uni ont participé à l’étude. Leurs niveaux de littératie numérique ont été calculés sur la base de trois tests différents. Les participants ont reçu neuf déclarations sur la Covid-19, certaines fausses (par exemple, les réseaux 5G peuvent nous rendre plus sensibles au coronavirus) et d’autres vraies (par exemple, les personnes atteintes de diabète courent un risque plus élevé de complications du coronavirus).

Les participants ont également été interrogés sur leur perception du risque de Covid-19, dans quelle mesure ils se conformaient aux directives de santé publique et sur leur probabilité de se faire vacciner si un vaccin devenait disponible. Dans l’ensemble, une sensibilité plus élevée aux fausses nouvelles était associée à une moindre conformité autodéclarée envers les directives de santé publique concernant la Covid-19, ainsi qu’à la volonté des gens de se faire vacciner contre le virus et de recommander le vaccin à la famille et aux amis vulnérables.

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Graphique montrant la vulnérabilité (de -1 à 1) à la désinformation concernant plusieurs domaines relatifs à la Covid-19, par pays. Crédits : Jon Roozenbeek et al. 2020

Certains scientifiques pensent que la vulnérabilité à la désinformation est liée aux opinions politiques, tandis que d’autres pensent qu’elle est liée aux capacités de raisonnement, indique l’un des auteurs de l’étude, Sander Van der Linden. « Je pense que les deux sont pertinents. Et j’ai été surpris de voir la numératie jouer un rôle si important ici… c’était l’un des prédicteurs les plus importants. J’aime cette découverte dans un sens, car elle me donne l’espoir qu’il existe une solution ».

Croyance dans les fake news : elle serait globalement multifactorielle

Un autre facteur distinct lié à la croyance dans les fake news est l’âge, ont découvert les chercheurs. Le fait d’être plus âgé était associé à une moindre susceptibilité à la désinformation partout (sauf au Mexique) — ce qui n’est pas conforme aux recherches antérieures qui ont généralement trouvé le modèle opposé, du moins dans le contexte des élections.

La recherche, publiée dans la revue Royal Society Open Science, a également révélé que les personnes plus réceptives à la désinformation se considéraient comme des minorités et semblaient résistantes aux voix d’autorité telles que les scientifiques et les politiciens. Le conservatisme politique était également lié à une susceptibilité légèrement plus élevée à la désinformation, ont constaté les chercheurs, mais étonnamment, ce lien n’était pas aussi fort aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Une étude intéressante, mais quelque peu incomplète

Emma O’Dwyer, maître de conférences à l’Université de Kingston qui n’a pas participé à l’étude, se demande pourquoi les chercheurs ont choisi ces cinq pays pour l’enquête. « Il existe des différences entre les pays. Ce document ne fournit pas de compte rendu au niveau national des raisons pour lesquelles ces relations sont différentes ».

Le document n’accorde pas non plus autant d’attention à la façon ou aux raisons pour lesquelles la désinformation prend racine en premier lieu, selon Dominic Abrams, professeur de psychologie sociale à l’Université du Kent. « Au-delà de la sensibilité des individus, il y a la question de savoir comment et pourquoi certaines sources trompeuses peuvent atteindre un air de légitimité ».

Sources : Royal Society Open Science

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