Mars : une image inédite de sa plus grande lune présente des détails à couper le souffle

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Phobos, le plus grand satellite de Mars, photographié par la sonde orbitale chinoise Tianwen-1. | CNSA/PEC
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Comme pour fêter son deuxième anniversaire de lancement, Tianwen-1, la première sonde spatiale martienne de l’Administration spatiale nationale chinoise, a envoyé un cliché de Phobos aux détails époustouflants. Il s’agit de la plus grande lune martienne, célèbre pour sa forme de pomme de terre. Cette image de qualité fournit des données précieuses aux scientifiques afin d’étudier la topographie et l’environnement de Phobos, amenant la Chine un peu plus près de son objectif d’exploration planétaire, concurrençant les États-Unis.

La mission Tianwen-1, lancée le 23 juillet 2020, a été un grand succès pour l’Administration spatiale nationale de Chine. La sonde a escorté un atterrisseur et le rover Zhurong vers Mars, faisant de la Chine le deuxième pays après les États-Unis à exploiter avec succès un rover à la surface de la planète. À l’inverse, des engins américains, Curiosity et Perseverance, Zhurong ne possède pas de bras robotique. Sa caméra de micro-imagerie télescopique ou encore le spectromètre SWIR (infrarouge à ondes courtes) lui servent à étudier les minéraux présents sur la surface martienne.

La sonde Tianwen-1 est entrée en orbite de Mars en février 2021, et le rover a atterri sur la planète pour débuter ses opérations en mai 2021. Néanmoins, avec des températures en baisse pendant l’hiver martien ainsi que de mauvaises conditions liées au sable et à la poussière, ce dernier est entré dans un mode « hibernation » le 18 mai. Son réveil est prévu en décembre, lorsque la zone d’atterrissage entrera en printemps martien, apportant une meilleure météo.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Récemment, la sonde chinoise a livré des images surprenantes de ses environs au cours des deux dernières années, dont la totalité de la surface de Mars au début du mois, achevant toutes les tâches qui lui étaient assignées. Pour fêter les deux ans de son lancement réussi, l’agence spatiale chinoise a publié un cliché, le plus détaillé à ce jour, de la plus grande des deux lunes de Mars, Phobos, via l’agence de presse Xinhua.

Des images révélatrices des origines de Phobos ?

L’origine des satellites naturels de Mars fait toujours débat au sein de la communauté scientifique. D’ailleurs, en 2018, une équipe internationale de chercheurs a soulevé une nouvelle hypothèse, publiée dans le Journal of Geophysical Research: Planets. Les auteurs avancent l’argument de la collision de Mars avec un corps céleste géant comme origine de Phobos et Déimos. Cette collision, avec un objet de la taille de Cérès (seule planète naine de la ceinture d’astéroïdes gravitant entre Mars et Jupiter), a envoyé des débris de roches et de poussières dans l’espace. Ces décombres se seraient ensuite rassemblés sous l’effet gravitationnel de la planète rouge pour former Phobos et Déimos.

Il faut savoir que Phobos — 22 kilomètres de diamètre moyen — est marqué par des cratères d’impact et des « rainures ». Voyageant à 6000 km d’altitude de la surface martienne, il est le satellite le plus proche de sa planète, de tout le système solaire, bien plus proche que Déimos ou même que notre Lune — la distance Terre-Lune est de 384 400 km. Phobos effectue un tour complet de Mars en seulement 7 heures et 39 minutes.

L’équipe de l’opération de Tianwen-1 a saisi le moment où la sonde orbitale était proche de Phobos, avec la bonne orientation. Ainsi, elle a obtenu une image claire du satellite dans son état de « pleine lune », a déclaré l’Administration nationale de l’espace de Chine.

Cette image, publiée par l’Administration nationale de l’espace de Chine (CNSA) et l’Exploration planétaire de Chine (PEC), permettra une étude approfondie de la topographie de Phobos et d’en apprendre davantage sur son histoire. D’ailleurs, sur le cliché, l’agence identifie le cratère d’Öpik, de forme circulaire. Son nom rend hommage à l’astronome et astrophysicien estonien Ernst Öpik, qui a postulé la théorie d’un nuage de comètes et d’objets glacés bien au-delà de Pluton et de la ceinture de Kuiper — maintenant connu sous le nom de nuage d’Öpik-Oort. Il avait également prédit, dès 1922, les cratères d’impacts présents sur Mars.

Un destin scellé pour Phobos

Phobos a été découverte le 18 août 1877 par l’astronome américain Asaph Hall, quelques jours après la découverte de Déimos. Sa surface est recouverte d’une couche de poussière d’environ un mètre d’épaisseur et est parsemée de cratères et de balafres, causées par des impacts de météorites. Le plus connu est le Stickney Crater, dont le nom fait référence à la femme d’Asaph Hall, Angeline Stickney, et dont le diamètre atteins 9,5 km. En premier lieu, les scientifiques ont estimé que les autres stries représentaient les prémices de multiples brisures de ce satellite. Mais, actuellement, ils pencheraient pour de petits morceaux de Mars, attirés par Phobos, venus percuter cette dernière. D’ailleurs, c’est ce que conclut également l’agence chinoise, les stries sur la surface de Phobos, en haut à gauche du cliché, pourraient avoir été formées par ces impacts. Les rainures les plus récentes sont nommées vergetures par les chercheurs.

Mais le sort de Phobos semble scellé. En effet, en avril 2022, la NASA rapportait dans un communiqué : « Les scientifiques savent déjà que Phobos est condamnée : la lune se rapproche de la surface martienne et est destinée à s’écraser sur la planète dans quelques dizaines de millions d’années ». C’est ainsi que le satellite martien se rapprocherait de Mars d’environ deux mètres tous les cent ans, sous l’effet de la gravité.

La sonde orbitale continuera à effectuer des tests et à se préparer pour de futures tâches, a indiqué l’agence spatiale. Sans compter qu’avec Tianwen-1, la Chine a été la première nation à tenter d’envoyer à la fois une sonde et un rover lors de sa première mission sur Mars. La NASA a envoyé plusieurs sondes autour de Mars avant de tenter un atterrissage.

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