La 1re femme directrice du centre Goddard de la NASA prête serment sur un livre de Carl Sagan. Un geste fort

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La Dr Makenzie Lystrup prête serment sur le livre de Carl Sagan aux côtés de l'administrateur de la NASA Bill Nelson et de l'administrateur adjoint de la NASA Pam Melroy, le jeudi 6 avril 2023 au siège social de la NASA Mary W. Jackson à Washington. | NASA/Keegan Barber
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Le 6 avril 2023, l’administrateur de la NASA Bill Nelson a nommé la Dr Makenzie Lystrup directrice du Goddard Space Flight Center de l’agence dans le Maryland, avec effet immédiat. Elle entre ainsi dans l’histoire en tant que première femme directrice du centre Goddard de la NASA. Mais ce qui a attiré l’attention des internautes est le livre sur lequel elle a prêté serment, « Pale Blue Dot » de l’astronome Carl Sagan, au lieu d’un texte religieux, ce qui lui a attiré beaucoup de sympathie et une étiquette de « cool attitude » pour certains, mais aussi et surtout d’alerte face aux dangers encourus par notre planète et l’humanité.

Makenzie Lystrup succède à Dave Mitchell, qui occupait le poste de directeur par intérim du centre de Goddard depuis janvier 2023, et reprend désormais ses fonctions de directeur de la gestion des programmes de l’agence au siège de la NASA à Washington.

Le Goddard Space Flight Center est l’un des plus grands centres de terrain de la NASA. De plus, il est responsable de la supervision et de l’exécution d’un portefeuille de 4 milliards de dollars et abrite la plus grande concentration de scientifiques, d’ingénieurs et de technologues du pays dédiés aux sciences de la Terre et de l’espace. Son effectif est composé de plus de 10 000 employés, tant fonctionnaires que vacataires.

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Lystrup décalre dans le communiqué de la NASA : « Goddard est un centre incroyable et un véritable atout national avec les meilleurs et les plus brillants esprits en science et en ingénierie — je suis humble et honoré de diriger une équipe de renommée mondiale aussi incroyable et diversifiée ».

Elle semble également une personne qui veut faire évoluer les choses dans la société, en tant que première femme administrateur du plus grand centre de la NASA et au vu de son serment sur un livre de Carl Sagan. Ce geste peut être vu comme une volonté de remettre le rêve au centre des recherches, mais aussi de faire prendre conscience de notre place dans l’Univers et de la fragilité de la Terre.

Pale Blue Dot, notre planète si fragile

Certes, le choix de Lystrup pour prêter serment est « inhabituel », mais il est autorisé par la loi grâce à la séparation de l’Église et de l’État, aux États-Unis. « Pale Blue Dot : A Vision of the Human Future in Space » est un livre du scientifique et astronome américain Carl Sagan (1934 – 1996), publié en 1994, faisant suite à son livre Cosmos (1980). Il a été inspiré par une image prise, à la suggestion de Sagan, par Voyager 1 le 14 février 1990. Alors que le vaisseau spatial quittait le voisinage de la Terre pour les extrémités du système solaire, il s’est retourné pour un dernier regard sur la planète bleue.

Voyager 1 se trouvait alors à environ 6,4 milliards de kilomètres et à environ 32 degrés au-dessus du plan de l’écliptique lorsqu’il a capturé ce portrait de notre planète. Pris au centre de rayons lumineux dispersés (résultat de la prise de vue si proche du Soleil), la Terre apparaît comme un minuscule point de lumière, un croissant de seulement 0,12 pixel de taille.

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Pale Blue Dot : « C’est ici. C’est la maison », comme l’écrit Carl Sagan. © NASA/JPL

Comme une prémonition, Carl Sagan écrit ces quelques lignes : « Nos postures, notre suffisance imaginée, l’illusion que nous avons une position privilégiée dans l’Univers, sont mises au défi par ce point de lumière pâle. Notre planète est une tache solitaire dans la grande obscurité cosmique enveloppante. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien n’indique qu’une aide viendra d’ailleurs pour nous sauver de nous-mêmes ».

Ces mots devraient guider beaucoup plus souvent nos décisions et nos actes, c’est un message fort que la nouvelle directrice du centre Goddard da la NASA fait passer au monde. Mais l’entendra-t-il à temps ? Rien n’est moins sûr, alors que le changement climatique s’intensifie toujours plus violemment par nos activités humaines égoïstes.

C’est ce qu’écrit et résume parfaitement Carl Sagan : « Il a été dit que l’astronomie est une expérience d’humilité et de formation de caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie des vanités humaines que cette image lointaine de notre petit monde. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de se comporter plus gentiment les uns envers les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous n’ayons jamais connue ».

La première femme administratrice du centre Goddard

Avant de rejoindre la NASA, Lystrup était vice-présidente et directrice générale de l’espace civil chez Ball Aerospace, où elle était responsable du portefeuille de systèmes spatiaux civils de l’entreprise couvrant tous les domaines scientifiques, la météo opérationnelle et l’observation de la Terre, ainsi que le développement de technologies avancées. Dans ce rôle, elle a dirigé les contributions de Ball à plusieurs missions, telles que le télescope spatial James Webb de la NASA, l’Imaging X-ray Polarimetry Explorer (IXPE), Landsat 9 et le Roman Space Telescope.

Lystrup a également été directrice principale de Ball’s Civil Space Advanced Systems and Business Development, où elle a géré de nouvelles activités commerciales pour la NASA, la NOAA et d’autres agences civiles du gouvernement américain ainsi que pour des universités et d’autres organisations scientifiques.

Bill Nelson conclut : « Makenzie est un leader naturel, apportant à Goddard le dynamisme d’une scientifique pour la découverte ainsi qu’une richesse d’expérience et de connaissances de l’industrie. En tant que directrice du centre, elle dirigera une équipe de renommée mondiale de scientifiques, d’ingénieurs et de technologues axés sur les sciences de la Terre et de l’espace. Sous sa direction, la main-d’œuvre de Goddard continuera d’inspirer, d’innover et d’explorer l’inconnu pour le bénéfice de tous ».

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