Le tout premier bébé né grâce à une greffe d’utérus d’une donneuse décédée vient de voir le jour

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Une semaine avant Noël, une petite fille brésilienne fêtera son premier anniversaire. Elle ne le sait pas encore, mais sa naissance a marqué un tournant dans l’histoire de la médecine, en offrant de nouvelles opportunités aux femmes qui, autrement, ne pourraient pas porter d’enfant et accoucher.

Des greffes utérines de donneuses décédées ont déjà été tentées, mais jusqu’en décembre dernier, aucune receveuse n’avait mené un enfant à terme. Cependant, en sachant que c’est faisable, les scientifiques encouragent la poursuite des recherches dans ce domaine dans le but de réduire les risques et donner de l’espoir aux familles.

La mère est une femme âgée de 32 ans, atteinte du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), qui fait que ses organes de reproduction sexuée, comme l’utérus et le vagin, sont sous-développés voire absents à la naissance. Tout ce que l’on sait sur sa donneuse, c’est qu’elle avait 45 ans, trois accouchements vaginaux réussis et qu’elle avait autorisé l’utilisation de ses organes avant sa mort, qui est survenue à la suite d’une hémorragie cérébrale. Le 15 décembre 2017, une petite fille pesant 2550 grammes a été livrée par césarienne.

Il faut savoir qu’il y a quatre ans, une Suédoise de 36 ans a également accouché avec succès d’un enfant en bonne santé par FIV (fécondation in vitro), via un utérus fourni par un bienfaiteur indépendant. Mais dans ce cas, la donneuse âgée de 61 ans était en vie et se portait bien, abandonnant généreusement son utérus pour l’opération.

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Depuis, des procédures utilisant des organes de donneurs vivants ont été tentées 39 fois, aboutissant à ce jour à un total de 11 naissances vivantes. Ces chances vont probablement continuer à s’améliorer avec le temps, bien que la rareté des donneurs encore vivants soit un élément à ne pas négliger.

Heureusement, « l’utilisation de donneurs décédés pourrait considérablement élargir l’accès à ce traitement, et nos résultats fournissent la preuve irréfutable d’une nouvelle option pour les femmes souffrant d’infertilité utérine », a déclaré la chercheuse principale Dani Ejzenberg, de la Faculté de médecine de l’Université de São Paulo. Cependant, le nombre de personnes désireuses de donner des organes après leur décès est, bien évidemment, beaucoup plus important que celui des donneurs vivants. Il s’agit en effet d’une population de donneurs potentiels beaucoup plus vaste.

En 2011, une femme de 23 ans, également atteinte du syndrome de MRKH, est tombée enceinte avec succès grâce à l’utilisation d’un utérus d’un donneur décédé en Turquie. Tragiquement, les chercheurs ont déterminé que la grossesse était non viable six semaines après la conception et a été interrompue, ce qui avait mis en doute la possibilité que les utérus fournis par des donneuses décédées puissent mener une nouvelle vie à terme.

Depuis, la recherche s’est poursuivie avec des volontaires bien informées quant aux procédures et aux risques d’échecs, mais qui choisissent tout de même de surmonter l’inconfort et le traumatisme potentiel, dans l’espoir de donner naissance.

À présent, ce succès ne vient pas seulement promettre un meilleur accès aux organes de donneurs, mais également aux informations essentielles sur les besoins d’un greffon de l’utérus pour porter un embryon à terme. Selon les chercheurs, un certain nombre d’éléments pourrait expliquer le succès de l’équipe, mais un des facteurs clés, serait le timing.

En effet, cinq mois avant la greffe, la receveuse avait retiré seize œufs de ses propres ovaires fonctionnels. Quinze ont été fécondés, dont 8 ont donné lieu à des embryons, qui ont ensuite été conservés pour une implantation ultérieure.

La greffe a eu lieu en septembre 2016, puis, sept mois après l’opération, sans signe de rejet ni d’anomalie et les menstruations semblant régulières, la femme a reçu l’un de ses embryons. Cette implantation a été effectuée plusieurs mois plus tôt que les tentatives précédentes, qui avaient reçu un embryon au moins un an après la greffe. L’équipe souhaitait implanter l’embryon à une date encore antérieure à six mois, mais n’était pas satisfaite par l’épaisseur de l’endomètre à ce moment-là.

À l’heure actuelle, il est difficile de dire avec certitude si cette réduction du temps d’attente a fait une réelle différence, mais les traitements antirétroviraux et les antibiotiques posent potentiellement toutes sortes de complications à l’organisme, ce qui risque d’influer sur les chances de réussite d’un embryon en développement.

Un autre facteur que l’équipe a jugé crucial était le temps pendant lequel l’utérus manquait d’oxygène : ils ont découvert qu’un utérus pouvait encore récupérer pour bien fonctionner après huit heures de privation de nouveau sang. Cette information pourrait donc faire toute la différence ! Non seulement en ce qui concerne les dons d’organes de personnes décédées, mais également concernant les dons de personnes toujours en vie.

Dans ce cas, l’utérus donné a été retiré lors de l’accouchement, comme c’est le cas pour les greffes. Ainsi, la patiente n’a pas à continuer à prendre les médicaments nécessaires pour éviter un rejet. Mais cela signifie aussi qu’il est peu probable que cette petite fille ait des frères et sœurs biologiques partageant sa gestation unique à l’avenir.

Sources : The Lancet, NCBI, SCIMEX

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