La santé des carlins est si fragile qu’ils ne peuvent pas être considérés comme des chiens typiques

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Le carlin est un chien brachycéphale (au museau « écrasé ») très populaire. Relativement petit (environ 30 cm au garrot), il est apprécié pour son tempérament doux et joyeux. Cependant, cette race est soumise à de fréquents problèmes de santé, à tel point que les vétérinaires s’interrogent sur le bien-être de ces animaux. Une étude montre aujourd’hui que leur santé est si fragile qu’ils ne peuvent même plus être considérés comme des chiens typiques.

Les chiens au museau aplati — comme les carlins, les bouledogues français et anglais — sont sujets au syndrome brachycéphale, qui désigne un ensemble d’anomalies des voies respiratoires supérieures inhérentes à cette morphologie. Les chiens concernés présentent des difficultés respiratoires, légères à sévères, respirent bruyamment et sont facilement essoufflés. Une équipe du Royal Veterinary College, au Royaume-Uni, s’est penchée en particulier sur la santé des carlins. Il ressort de leur étude qu’ils affichent davantage de prédispositions que les autres races pour de nombreux problèmes de santé courants.

La popularité des carlins a fortement augmenté au cours des deux dernières décennies : les données d’enregistrement annuelles de l’UK Kennel Club montrent une augmentation de 2116 enregistrements en 2005 à 6033 enregistrements en 2020. Un succès expliqué par l’apparence de l’animal : « La petite taille du carlin, associée à un visage plat, une grosse tête, des yeux exorbités et un front ridé, peut susciter des émotions positives en se conformant à la configuration faciale du ‘schéma du bébé’, qui déclenche des réactions innées d’affection chez les humains », notent les chercheurs dans leur étude. Il faut cependant bien réfléchir avant d’adopter (et de s’attacher à) ce type de chien.

Un chien « atypique » du point de vue de la santé

La morphologie faciale des carlins est non seulement associée au syndrome brachycéphale, mais aussi à l’ulcération cornéenne ou encore à la dystocie (qui désigne l’incapacité d’une chienne à mettre bas naturellement, sans assistance). L’obésité a elle aussi été signalée comme un trouble courant des carlins. Malgré une base de preuves croissante, il existe encore des lacunes dans les informations sur la santé des carlins par rapport à la population générale de chiens. Cette nouvelle étude visait donc à comparer les probabilités de troubles courants entre les carlins et les autres races.

Les chercheurs ont recueilli des informations cliniques auprès de cabinets vétérinaires britanniques participant à l’enquête VetCompass ; ils ont retenu au hasard les données de 4308 carlins et de 21 835 chiens d’autres races, qui avaient bénéficié de soins vétérinaires au Royaume-Uni en 2016. À partir des dossiers cliniques, l’équipe a recensé tous les troubles diagnostiqués dans chaque groupe en 2016, puis a établi la liste des troubles les plus courants pour chacun.

L’analyse des données montre que les carlins sont presque deux fois plus susceptibles de souffrir d’un ou plusieurs troubles chaque année par rapport aux autres chiens. Cette race semble avoir considérablement divergé des autres, car les données révèlent que les carlins ont des cotes différentes (prédisposition ou protection) pour 30 des 40 troubles courants considérés ; plus de 76% de ces différences étaient des prédispositions. Ces troubles comprenaient (du risque le plus élevé au moins élevé) : le syndrome d’obstruction des voies respiratoires brachycéphaliques, les narines sténosées, l’ulcération cornéenne, la dermatite des plis cutanés, ou encore l’écoulement auditif.

« Nous savons maintenant que plusieurs problèmes de santé graves sont liés à la forme corporelle extrême des carlins, que de nombreux humains trouvent si mignons », a déclaré dans un communiqué le Dr Dan O’Neill, professeur agrégé d’épidémiologie des animaux de compagnie au Royal Veterinary College et auteur principal de l’étude.

Des caractéristiques « attrayantes », mais très problématiques

Les résultats de cette étude ne surprennent pas le Dr Myfanwy Hill, vétérinaire à l’Université de Cambridge. « L’image commune que nous avons des carlins, où ils sourient et tirent la langue, semblant haleter, n’est pas l’image ‘joyeuse’ que nous pouvons imaginer. En réalité, ils sont obligés de respirer par la bouche, car ils ne peuvent pas respirer efficacement par le nez », explique-t-elle à la BBC. De par ces difficultés respiratoires, ces chiens sont en outre très sensibles à la chaleur.

Le crâne des carlins est plus petit que la moyenne, mais ses organes n’ont pas suivi la même tendance ; c’est ce qui explique ses nombreux problèmes de santé, explique la spécialiste. Les infections cutanées résultent ainsi du fait que la peau de leur visage est trop étendue par rapport à ce dernier, et forme de nombreux plis. Quant à leur petite queue enroulée si « mignonne », elle résulte d’une malformation vertébrale pouvant entraîner une hernie discale.

L’étude montre par ailleurs que les carlins sont moins susceptibles que les autres races de présenter un souffle cardiaque, un lipome, de se blesser ou de faire preuve d’agressivité — ce qui confirme au passage que les carlins ont un tempérament très doux, particulièrement adapté aux jeunes enfants. Mais les spécialistes appellent aujourd’hui au bon sens de la population : il est essentiel de tenir compte de la qualité de vie que ce chien endure avant d’en faire son animal de compagnie.

Pour réduire ces problèmes de santé et garantir le bien-être des carlins, leur forme corporelle doit évoluer vers une conformation plus modérée. « Tant que ces caractéristiques extrêmes et malsaines subsisteront, nous continuerons à recommander vivement aux propriétaires potentiels de ne pas acheter de races brachycéphales telles que les carlins », a déclaré Justine Shotton, présidente de la British Veterinary Association.

Source : D. O’Neill et al., Canine Medicine and Genetics

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