Booster la créativité comme jamais en exploitant une phase spécifique du sommeil ?

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Confronté à une impasse créative ou à une terrifiante « page blanche » ? La clé de l’évasion se trouve, selon une étude récente, dans les songes que nous faisons durant la phase initiale du sommeil. Osciller entre le sommeil et l’éveil, tout en se concentrant sur une idée précise, peut mener à des « étincelles » de créativité fulgurantes.

L’état de somnolence (ou sommeil N1), cette première phase du sommeil où nous ne sommes ni tout à fait éveillés ni endormis, est un terreau particulièrement fertile pour faire germer notre créativité. Des recherches expérimentales ont révélé qu’une immersion de 15 secondes dans le sommeil N1 peut décupler la créativité et tripler les chances de résolution d’un problème complexe.

Néanmoins, il est crucial de comprendre qu’il faut se réveiller immédiatement après avoir atteint le sommeil N1, car l’élan créatif s’estompe dès que nous tombons dans le sommeil profond. Bien que l’idée de se réveiller au moment où nous commençons à sombrer dans le sommeil puisse sembler désagréable, les scientifiques estiment qu’il serait bénéfique pour notre cerveau de trouver un équilibre entre un sommeil léger et un sommeil profond. « Si vous parvenez à atteindre cet état cérébral, vous pouvez être plus créatif dans votre vie éveillée », suggère Adam Haar Horowitz, post-doctorant au MIT Media Lab et coauteur principal de cette nouvelle recherche.

Des études précédentes ont également démontré comment les rêves peuvent contribuer à stimuler la créativité. Dans une étude parue dans la revue Scientific Reports, des chercheurs de Harvard et du MIT ont exploré comment appliquer ces découvertes à des domaines plus souvent associés à la créativité, tels que la narration ou l’écriture. L’incubation de rêves ciblés (ou rêves guidés) a été particulièrement étudiée, dans le but de découvrir comment elle pourrait influencer le processus créatif. « L’un des objectifs de notre groupe est de donner aux gens plus d’informations sur le fonctionnement de leur cerveau, ainsi que sur leur état cognitif et sur la manière dont ils peuvent l’influencer », déclare Pattie Maes, professeure au Media Lab du MIT et coauteure de l’étude.

Les rêves ciblés : de véritables catalyseurs de créativité

Pour étayer ses conclusions, l’équipe de recherche a fait appel à un dispositif d’incubation de rêves ciblés nommé Dormio, conçu dans le cadre d’une étude datant de 2020. Cet outil comprend un gant équipé de capteurs qui mesurent les trois principaux marqueurs physiologiques du sommeil : le changement de tonus musculaire, la fréquence cardiaque et la conductance cutanée. L’ensemble est relié à une application qui suit et collecte les données. Il s’agit notamment du premier dispositif de mesure du comportement à l’éveil, orientant vers un rêve spécifique pendant le sommeil.

Le protocole initié par le dispositif est simple. Il invite d’abord l’individu à rêver d’un sujet précis, pendant qu’il porte le gant durant le sommeil N1. Après quelques minutes et avant que l’individu n’entre dans la phase de sommeil suivante, l’application le réveille et l’invite à décrire brièvement son rêve. Après avoir enregistré sa réponse, l’individu peut se rendormir.

Au total, 49 participants ont été recrutés pour l’expérience de cette nouvelle étude. Un premier groupe a bénéficié de 45 minutes de sieste, pendant lesquelles le Dormio les incitait à rêver d’un arbre. Après avoir enregistré leurs rêves, les sujets étaient encouragés à se rendormir et étaient une nouvelle fois incités à rêver de l’arbre. Un deuxième groupe a également fait une sieste, mais cette fois, le dispositif s’est limité à observer, sans les inciter à rêver et sans les réveiller. Les deux derniers groupes sont restés éveillés, invités ou non à penser aux arbres. Au réveil, les participants ont effectué des tâches de créativité, dont une consistait en un exercice de narration autour du mot-clé « arbre ».

Les résultats sont éloquents : ceux qui ont bénéficié d’incubations de rêves ciblés ou non ont produit des histoires plus créatives que ceux restés éveillés. Le premier groupe a également obtenu des scores plus élevés sur des tâches de pensée divergente, des exercices couramment utilisés pour évaluer la créativité. Les résultats combinés des exercices ont montré que le groupe ayant bénéficié d’incubation de rêves ciblés (avec comme sujet un arbre) était 43% plus créatif que le groupe de rêveurs sans incubation. Ce chiffre a grimpé à 78% par rapport aux groupes restés éveillés.

Par ailleurs, la fréquence d’apparition du rêve ciblé chez les participants du premier groupe était étroitement liée à une plus grande créativité. Ces personnes ont d’ailleurs intégré une grande partie du contenu de leur rêve dans leurs histoires lors de la rédaction. « Ces preuves suggèrent que ce n’est pas seulement le fait d’être dans l’état de sommeil N1 qui rend les gens plus créatifs. Les gens sont plus créatifs parce qu’ils exploitent également les rêves qui se produisent dans cet état de sommeil », explique Kathleen Esfahany, également auteure de l’étude et chercheuse au MIT. Ces découvertes suggèrent que la créativité stimulée par les rêves ciblés pendant le sommeil N1 découle d’une connexion plus vaste entre différentes régions du cerveau.

Une expérience reproductible chez soi

L’incubation de rêves ciblés ne requiert pas nécessairement de dispositifs sophistiqués et peut être aisément reproduite à domicile. Il suffit d’un appareil capable de chronométrer les phases de sommeil et d’enregistrer/jouer du son. Une version simplifiée de Dormio est également accessible en ligne pour quiconque souhaite l’essayer. « C’est vraiment notre objectif avec une grande partie de ce travail : donner aux gens plus d’outils pour apprendre à exploiter leur propre esprit », explique Maes.

À l’avenir, les chercheurs envisagent d’étendre leur protocole d’incubation de rêves ciblés à d’autres phases du sommeil, telles que le sommeil paradoxal. Cette perspective pourrait potentiellement soulager la détresse émotionnelle liée aux cauchemars, parfois chronique chez les personnes souffrant de dépression et d’autres troubles mentaux.

Source : Scientific Reports

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