Le taux de vitamine D pendant la grossesse est associé au QI de l’enfant

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Une étude publiée dans la revue The Journal of Nutrition montre que le taux de vitamine D de la mère durant la grossesse est associé au quotient intellectuel de l’enfant, suggérant que des niveaux plus élevés de vitamine D entraînent des scores plus élevés aux tests servant à évaluer les capacités intellectuelles.

L’étude souligne également que la carence en vitamine D, relativement courante au sein de la population, y compris chez les femmes enceintes, touche davantage les femmes noires.

Une vitamine essentielle au développement neurocognitif

La vitamine D est un nutriment essentiel, qui a de nombreuses fonctions importantes dans l’organisme. Elle contribue notamment à l’absorption du calcium et du phosphore par les intestins. Le maintien d’une calcémie suffisante permet d’assurer une minéralisation osseuse optimale du squelette et du cartilage, ainsi qu’une bonne tonicité musculaire. La vitamine D est également impliquée dans la régulation hormonale, ainsi que dans la différenciation et l’activité des cellules du système immunitaire.

La vitamine D est en majeure partie synthétisée par l’organisme au niveau de la peau, sous l’action des rayons UV ; une part plus faible est apportée par l’alimentation (l’huile de foie de morue et les poissons gras en sont particulièrement riches). Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, la référence nutritionnelle pour la population (RNP) est de 15 µg/j (soit 600 UI) pour un adulte (homme ou femme). À noter que cette RNP a été définie en considérant une production cutanée nulle, de manière à couvrir les besoins de l’ensemble de la population française (l’ensoleillement n’étant pas homogène sur le territoire).

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Exemple d’aliments riches en vitamine D. Crédits : Revue médicale suisse

L’apport en vitamine D d’une mère est transmis à son bébé in utero et aide à réguler les processus physiologiques, y compris le développement du cerveau. Une équipe de chercheurs menée par Melissa Melough, du Département de la santé, du comportement et du développement de l’enfant du Seattle Children’s Research Institute, s’est intéressée à l’influence de cette vitamine sur le développement neurocognitif de l’enfant. En effet, la vitamine D est essentielle à la différenciation neuronale embryonnaire et à d’autres processus de développement susceptibles d’affecter la fonction neurocognitive future.

Pour leurs analyses, les chercheurs ont utilisé des données de l’étude CANDLE (Conditions affectant le développement neurocognitif et l’apprentissage dans la petite enfance). Le but de cette étude est d’identifier les facteurs, pendant la grossesse et les trois premières années du bébé, ayant un impact sur son développement et sa capacité d’apprentissage. Au total, 1503 femmes enceintes, en bonne santé, ont été recrutées dans le comté de Shelby (Tennessee) pour participer à l’étude.

Les critères d’inclusion pour l’analyse étaient une gestation ≥ 34 semaines et la disponibilité des données concernant la 25-hydroxyvitamine D et le QI (les scores obtenus au test de Stanford-Binet chez les enfants à l’âge de 4–6 ans). La 25-hydroxyvitamine D (notée 25(OH)D), ou calcifédiol, est la prohormone produite dans le foie par hydroxylation de la vitamine D ; c’est la concentration sanguine de ce métabolite que l’on mesure lorsque l’on cherche à déterminer le statut en vitamine D d’un individu.

Une carence courante, encore plus chez les personnes de couleur

La concentration moyenne en 25(OH) D parmi les 1019 participantes retenues était de 21,6 ± 8,4 ng/mL, mesurée à un âge gestationnel moyen de 23 ± 3 semaines. Une carence en vitamine D (qui correspond à un taux de 25(OH)D inférieur à 20 ng/mL) a été observée dans près de 46% des cas. Les chercheurs ont par ailleurs noté que la 25(OH)D maternelle différait selon l’origine ethnique avec une moyenne de 19,8 ± 7,2 ng/mL dans la communauté noire, versus 25,9 ± 9,3 ng/mL pour les femmes blanches.

Selon les chiffres, les femmes enceintes noires semblent donc plus sujettes aux carences en vitamine D, un constat qui ne surprend pas Melissa Melough : « Le pigment de mélanine protège la peau contre les dommages du soleil, mais en bloquant les rayons UV, la mélanine réduit également la production de vitamine D dans la peau ». Selon elle, jusqu’à 80% des femmes enceintes noires aux États-Unis pourraient être carencées en vitamine D.

Or, après analyse des données de l’étude CANDLE, il se trouve que le taux de 25(OH)D maternelle au deuxième trimestre de grossesse est positivement associé au QI de la progéniture évalué à 4–6 ans : une augmentation de 10 ng/mL de 25(OH)D était liée à un QI global et un QI verbal de 1,17 point plus élevés, ainsi qu’à un QI non verbal supérieur de 1,03 point. Les auteurs de l’étude précisent que les effets de cette supplémentation en vitamine D étaient les mêmes, quelle que soit la couleur de peau.

Attention, ces observations ne constituent pas une preuve de causalité. Néanmoins, elles suggèrent que le statut gestationnel en vitamine D pourrait être un prédicteur important du développement neurocognitif de l’enfant à naître. Ces résultats peuvent aider à éclairer les recommandations nutritionnelles prénatales, à les adapter en fonction de la couleur des individus. Melough espère que l’étude aidera les prestataires de soins de santé à remédier aux disparités entre les femmes, les femmes à la peau foncée étant à plus haut risque de carence en vitamine D.

« Je veux que les gens sachent que c’est un problème courant et qu’il peut affecter le développement des enfants. Une carence en vitamine D peut survenir même si vous mangez sainement. Parfois, elle est liée à notre mode de vie, à la pigmentation de la peau ou à d’autres facteurs indépendants de notre volonté », avertit la spécialiste. Pour remédier à une carence éventuelle — encore plus courante en hiver, à cause d’une diminution de l’ensoleillement — pas toujours facile à combler par l’alimentation, « une bonne solution est de prendre un supplément », conseille-t-elle.

Source : The Journal of Nutrition, M. Melough et al.

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