Stonehenge : une nouvelle étude explorera son lien avec les cycles lunaires, suggéré par de récentes découvertes

Des indices récemment mis au jour suggèrent un alignement avec « l’arrêt lunaire majeur ».

Stonehenge alignement lune
| Andre Pattenden/English Heritage
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Le monument mégalithique de Stonehenge témoigne de la compréhension avancée de nos ancêtres des phénomènes astronomiques. S’il est surtout connu pour s’aligner avec les positions du Soleil dans le ciel, une hypothèse suggère qu’il a aussi été conçu pour suivre ceux de la Lune. Des chercheurs ont mis au jour de nouvelles preuves suggérant qu’il permettrait de suivre un événement appelé « arrêt lunaire majeur », qui se produit tous les 18,6 ans. Des observations seront effectuées cette année pour tester cette hypothèse.

L’arrêt lunaire majeur (ou « major lunar standstill ») est un phénomène astronomique qui se traduit par le fait qu’à certains moments, la trajectoire de la Lune dans le ciel semble interrompue. En effet, si on suit la position de son lever ou de son coucher au cours d’un mois, on peut voir que celle-ci se déplace entre deux points à l’horizon. La distance maximale entre ces deux points correspond à l’arrêt lunaire majeur tandis que la minimale correspond à « l’arrêt lunaire mineur ». Cette distanciation varie tous les 18,6 ans.

Lors d’un arrêt majeur, la Lune atteint sa déclinaison maximale — c’est-à-dire sa position la plus éloignée par rapport à l’équateur terrestre —, ce qui donne l’illusion qu’elle s’arrête au niveau de ce point pendant une période d’environ un an et demi à deux ans. Pendant ce laps de temps, la Lune semble se lever ou se coucher plus au nord ou plus au sud de l’horizon que d’habitude.

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La plage des positions du lever de la Lune à l’horizon pendant les arrêts lunaires mineurs et majeurs. © Fabio Silva

Alors que les mégalithes de Stonehenge ont été posés il y a 2500 ans avant notre ère pour marquer les solstices solaires, une équipe multi-universitaire d’experts suggère que certains ont aussi été érigés par rapport à l’arrêt lunaire majeur.

Des vestiges concordant avec « l’arrêt lunaire majeur »

Au cours de la phase initiale de la construction du monument (entre 3000 et 2500 ans avant notre ère), les habitants de la région incinéraient leurs défunts ainsi que leurs offrandes religieuses au niveau des structures circulaires de pierres entourées d’un fossé et d’un talus. Le site comporte aussi 56 trous peu profonds et disposés en cercle, à l’intérieur du cercle de pierres principal. Selon les archéologues, il s’agit probablement d’anciens emplacements de poteaux de bois verticaux.

Des éléments plus discrets et plus ou moins éloignés de la structure principale ont particulièrement attiré l’attention des chercheurs. Il s’agit de quatre pierres de sarsen (du grès silicifié, abondant dans la région) de taille modeste et disposées en rectangle autour du site. À noter que seules deux de ces pierres sont encore présentes sur le site, tandis que les deux autres ont laissé des traces creuses distinctes de leur emplacement. Les côtés du rectangle sont alignés parallèlement à l’axe principal du grand cercle de pierres et les longueurs bordent l’extérieur de celui-ci.

stonehenge lune
Seules deux des pierres de la structure rectangulaire sont encore présentes sur le site. © Shutterstock

Les experts estiment que les longueurs de la structure rectangulaire s’alignent avec l’arrêt lunaire majeur. « Il est possible qu’il y ait eu un lien précoce entre le site de Stonehenge et la Lune, qui a ensuite été souligné lors de la construction du rectangle de pierre », expliquent-ils dans un article publié sur The Conversation. En effet, une grande partie des crémations se concentrent dans la partie sud-est du monument, notamment dans la direction de l’arrêt lunaire majeur. L’emplacement a également été marqué par trois poteaux de bois.

Cependant, bien que des preuves archéologiques toujours plus nombreuses concordent avec cette hypothèse (de marquage de l’arrêt lunaire majeur), « les chercheurs débattent depuis des années pour savoir si c’était délibéré, et – si c’était le cas – comment cela a été réalisé et quel aurait pu être son but », indique à The Guardian Clive Ruggles, professeur émérite d’archéoastronomie à l’Université de Leicester (au Royaume-Uni).

Les prochains travaux des chercheurs de l’English Heritage, de l’Université de Bournemouth, de l’Université d’Oxford, de l’Université de Leicester et de la Royal Astronomical Society exploreront ces questions. Le prochain arrêt lunaire majeur débutera en janvier 2025 et offrira l’occasion d’en observer les effets sur Stonehenge. L’équipe estime que la Lune s’alignera deux fois par mois au niveau du rectangle de pierre jusqu’en novembre 2025.

Toutefois, il est important de noter que ces observations feront face à des obstacles, surtout en période de nouvelle lune. En outre, au cours des périodes où elle sera visible, on ne sait pas si la lumière qu’elle diffusera sera suffisamment forte pour projeter des ombres et comment celles-ci interagiront avec les autres pierres. Les enquêtes dépendront aussi d’autres facteurs, tels que les conditions météorologiques et les perturbations par le trafic automobile.

« L’observation directe de ce lien en 2024 et 2025 est cruciale. Contrairement au Soleil, suivre les extrêmes de la Lune n’est pas simple et nécessite un timing et des conditions météorologiques spécifiques », explique dans un communiqué Amanda Chadburn, chercheuse invitée à l’Université de Bournemouth et membre du Kellogg College de l’Université d’Oxford.

En attendant, l’English Heritage prévoit d’organiser une série d’événements (conférences, planétarium éphémère, sessions d’observation des étoiles, expositions, etc.) tout au long de la saison de transition de la Lune vers son point d’arrêt majeur. Les observations seront également comparées avec celles du Chimney Rock, un complexe de plusieurs niveaux construit par le peuple ancestral Pueblo dans la forêt nationale de San Juan, au Colorado, il y a plus de 1000 ans, et comportant un marquage clair d’alignement avec l’arrêt lunaire majeur.

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