41% des jeunes enfants américains pensent que le bacon provient d’une plante

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Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université Furman (États-Unis) indique à quel point, chez les enfants américains âgés de 4 à 7 ans, la perception de la provenance de la nourriture peut être biaisée. Selon les résultats, plus d’un tiers pensent que le bacon, les hot dogs, les nuggets de poulet, les crevettes, les hamburgers et même le fromage sont d’origine végétale. Et ce constat étonnant ne sous-entend pas que les enfants sont à blâmer, bien au contraire.

Encore plus surprenant : les chercheurs ont également constaté que près de la moitié des enfants de cette tranche d’âge pensent que les frites sont d’origine animale… Selon l’étude, l’une des raisons pour lesquelles les enfants connaissent mal l’origine des aliments courants pourrait être que beaucoup d’entre eux sont très peu exposés à la façon dont ils sont cultivés.

Les scientifiques citent notamment deux ensembles pour appuyer cette hypothèse : premièrement, le nombre d’enfants vivant dans des fermes a diminué aux États-Unis. Deuxièmement, les écoles enseignent aux enfants surtout ce qu’ils doivent manger, sans forcément les informer de la provenance.

Les parents sont les principaux responsables de ces lacunes

Dans une première expérience, les chercheurs ont demandé aux enfants de classer des aliments (sous forme de cartes) en deux catégories, « d’origine animale » et « d’origine végétale ». Pour cela, ils devaient insérer les cartes dans la boîte correspondante.

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Les deux boîtes utilisées dans la tâche de tri de l’origine des aliments. Celle de gauche est réservée aux aliments d’origine végétale et celle de droite aux aliments d’origine animale. © Erin R.Hahn et al.

« Les parents peuvent délibérément taire les informations sur l’abattage des animaux pour tenter de préserver l’innocence des enfants, considérant les réalités de la production de viande comme trop effroyables pour que les enfants les connaissent à un jeune âge », écrivent les chercheurs dans l’étude. Mais ne serait-il pas plus convenable de les informer un minimum de la provenance dès que possible ? Épargner les détails ou en minimiser certains suffirait probablement à « préserver leur innocence », le temps qu’ils soient aptes à digérer la vérité sur la chaîne de transformation de certains de leurs aliments favoris.

Les chercheurs évoquent d’ailleurs une autre raison potentielle pour laquelle les enfants peuvent ignorer l’origine des aliments d’origine animale : leurs parents sont réticents à avoir une conversation honnête avec eux sur la façon dont les produits animaux sont obtenus. Selon les chercheurs, cela est d’autant plus probable qu’à l’âge adulte, les omnivores ont une relation complexe avec la viande.

Bien qu’ils soient conscients de la souffrance animale qu’entraîne la consommation de viande et qu’ils puissent estimer que la façon dont les animaux sont traités est contraire à l’éthique, ils rationalisent la consommation d’animaux en la qualifiant de « naturelle, normale, nécessaire ou agréable » (ce que l’on appelle souvent le « paradoxe de la viande »), expliquent les chercheurs. « Les parents peuvent être particulièrement susceptibles de donner une fausse image de la viande aux enfants étant donné leur propre relation complexe avec les aliments d’origine animale ». En d’autres termes, nombreux sont les amateurs de viande (adultes) qui se voilent la face.

Non je ne mange pas de porc, mais je mange du bacon

Dans une deuxième expérience, les enfants de l’étude ont également participé à une « tâche d’admissibilité », dans laquelle ils devaient simplement indiquer si un article était comestible ou non. La liste comprenait des animaux consommés régulièrement aux États-Unis (boeuf, porc, poulet, poisson), des animaux qui ne sont pas consommés normalement (chat, cheval, singe, chien, chenille), des produits végétaux comestibles (tomates, oranges) et des produits non comestibles (terre, sable, herbe).

La plupart des enfants ont classé correctement les animaux non consommés aux États-Unis et les produits non comestibles comme non comestibles. La majorité d’entre eux ont également identifié les produits végétaux comestibles comme étant bons à manger. Cependant, plus de deux tiers des enfants ont classé le boeuf, le porc et le poulet comme non comestibles.

« La grande majorité des erreurs commises par les jeunes enfants (85%) concernaient des cas où ils classaient les animaux sources de nourriture comme étant à éviter. Les erreurs de ce type étaient les plus nombreuses pour les mammifères (par exemple, la vache, le cochon) », peut-on lire dans le document.

Pourquoi cette exception ? Pour répondre à la question, il faut d’abord se rendre compte que les résultats de l’étude suggèrent que non seulement les connaissances, mais aussi les attitudes des enfants concernant la consommation de viande divergent nettement de celles des adultes. Plus précisément, ils sont moins susceptibles d’approuver la consommation de viande de boeuf ou de porc. Il semble que de nombreux enfants mangent du bœuf ou du porc, mais ne réalisent pas que le bœuf provient de la « vache » ou le porc du « cochon », tels qu’ils étaient appelés dans l’étude. Autrement dit, un enfant pourrait par exemple vous répondre « Non je ne mange pas de cochon, mais je mange du bacon ». Cette ignorance expliquerait donc les erreurs dans la deuxième tâche de tri.

« L’une des interprétations possibles est que la valeur que les enfants accordent à la vie des animaux est élevée au départ, mais qu’elle diminue au cours du développement, à mesure qu’ils acquièrent des croyances sociales qui donnent la priorité aux humains et minimisent le statut moral des non-humains », précisent les chercheurs.

Les pratiques en matière d’élevage franchissent parfois la frontière de l’éthique derrière des rideaux bien opaques, et à cela s’ajoute le fait que la surconsommation de viande qui en découle contribue largement au changement climatique. Selon les chercheurs, les enfants peuvent devenir des « agents du changement dans la crise climatique » en raison de leur préoccupation innée pour le bien-être des animaux. Il y a donc encore une chance d’encourage un changement significatif pour notre avenir, mais pour que cela se produise, les enfants ne doivent pas être tenus dans l’ignorance de la façon dont nous obtenons la viande, soulignent-ils.

Source : Journal of Environmental Psychology

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