Un artiste redessine des animaux à partir de leur seul squelette, et l’on croirait voir des dinosaures

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Représentation d'un babouin uniquement basée sur son squelette. | C. M. Kosemen
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La représentation que nous avons des dinosaures reflète-t-elle bien la réalité ? Étant donné que nous n’avons pu voir de nos propres yeux à quoi ressemblaient ces mastodontes de leur vivant, nous nous sommes uniquement basés sur ce qu’il restait d’eux, à savoir leurs squelettes fossilisés. À partir de là, des experts ont tâché de reconstituer les animaux dans leur globalité, ajoutant plus ou moins de chair et de muscles.

Personne ne peut finalement remettre en cause cette représentation, mais on ne peut pas non plus être certain qu’elle reflète parfaitement l’apparence de ces animaux. Face à ce constat, C. M. Kosemen, un illustrateur et chercheur turc, a eu l’idée de représenter de la même façon les animaux que nous côtoyons aujourd’hui. Autrement dit, à partir de leur squelette uniquement, comme s’il n’avait jamais eu l’occasion de les voir en vrai. Le résultat est parfois terrifiant…

Quand l’ignorance fait place à l’imagination

L’exercice est original et amusant. Effectivement, quand on y réfléchit, le squelette de certains animaux ne révèle pas toujours tous les détails de leur anatomie. En particulier, aucun indice ne permet d’estimer la quantité de tissu mou se trouvant autour de chaque os. L’exemple de l’éléphant, dont Kosemen propose une toute autre représentation, parle de lui-même. Comment deviner, simplement en regardant un crâne d’éléphant, que celui-ci possède une longue trompe souple de plus de 100 kg comme organe nasal ? Comment savoir qu’il possède de grandes oreilles qui lui permettent de réguler sa température corporelle ? Et enfin, pourquoi serait-il nécessairement aussi énorme ?

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Un éléphant (à gauche), un cheval (en haut à droite) et un rhinocéros (en bas à droite) redessinés sur la simple base de leurs squelettes. On est vraiment très loin de la réalité… Crédits : C. M. Kosemen

Le résultat imaginé par Kosemen n’a, de ce fait, vraiment rien à voir avec l’animal que nous connaissons ! Pour l’éléphant, comme pour d’autres animaux, réduire la quantité de tissu mou à un niveau minimal bouleverse complètement son apparence (qui en devient presque effrayante…). Tout ceci remet véritablement en question notre image des dinosaures…

D’autant plus qu’au fil du temps, les spécialistes ont parfois dû revoir leur copie. Les vélociraptors, par exemple, ont pendant des dizaines d’années été imaginés comme étant des créatures agiles et agressives, se tenant la plupart du temps sur leurs deux pattes arrières. C’est d’ailleurs de cette façon qu’ils sont apparus au cinéma (cf. la saga Jurassic Park). Or, les paléontologues affirment désormais que ces animaux ressemblaient davantage à des oiseaux de proie terrestres, parés d’un plumage coloré !

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Reconstruction « paléoart » du vélociraptor, qui selon les experts, ressemblerait davantage à un oiseau de proie de la taille d’une grosse dinde, au bec allongé, doté d’une très longue queue. Crédits : Durbed/Wikimedia Commons

Des erreurs exposées au public

Les « erreurs » concernant les animaux disparus sont malheureusement fréquentes. Et pour cause, l’imagination humaine est fertile ! Lorsque le squelette d’un rhinocéros laineux a été déterré dans la ville de Quedlinbourg, en Allemagne, en 1663, personne évidemment ne connaissait cet animal issu de la période glaciaire. Or, ce squelette était incomplet. Ainsi, lorsque le scientifique prussien Otto von Geuricke a aperçu une unique grande corne, il a simplement supposé qu’il s’agissait… d’une licorne ! Il manquait par ailleurs la plupart des os du pauvre animal, ce qui a mené à une reconstruction peu banale du mammifère.

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Face au squelette incomplet d’un rhinocéros laineux, le scientifique Otto von Guericke a imaginé un animal similaire à une licorne ; cette représentation originale est exposée au Musée d’histoire naturelle de Madgebourg, en Allemagne. Crédits : Sven Sachs/Twitter

De la même façon, le musée Horniman de Londres abrite un morse empaillé qui ne reflète pas vraiment la véritable apparence du mammifère marin. Il se trouve que l’animal a été exposé pour la première fois au public britannique en 1886, lors de l’exposition coloniale et indienne, à South Kensington ; l’événement attire à l’époque plus de 5 millions de visiteurs. L’exposition comprenait une zone consacrée aux animaux canadiens (des trophées de chasse), particulièrement appréciée de la haute aristocratie britannique.

Parmi ces animaux, un morse. Mais le taxidermiste qui s’est occupé de l’animal ne l’avait jamais vu de son vivant. Résultat : sa peau apparaît lisse comme celle d’un dauphin ! Aucun pli, aucune ride ne vient entacher le corps de l’animal, « gonflé à bloc ». De ce fait, il reste l’un des éléments les plus populaires du musée aujourd’hui.

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Le taxidermiste qui s’est occupé du morse abattu par l’explorateur James Henry Hubbard n’avait apparemment jamais vu de morse de sa vie ! Crédits : Horniman Museum

Pour en revenir à notre représentation des créatures du Crétacé, C. M. Kosemen s’interroge notamment sur la façon dont les paléontologues peuvent reconstituer le corps des oiseaux sans connaître précisément l’implantation des plumes, la forme des ailes ou le taux de graisse de l’animal. Pour illustrer le « problème », il propose sa représentation très personnelle d’un pélican et d’une cigogne, en commettant des erreurs classiques du paléoart :

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Un pélican et une cigogne imaginés par C. M. Kosemen. Crédits : C. M. Kosemen

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L’ensemble des dessins de l’artiste sont réunis dans un ouvrage intitulé All Yesterdays – Unique and Speculative Views of Dinosaurs and Other Prehistoric Animals, qu’il a co-écrit avec John Conway, un paléoartiste australien et Darren Naish, paléontologue britannique.

Source : C. M. Kosemen

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