Les croyances paranormales sont associées à un mauvais sommeil, selon une étude

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Bien que menées à petite échelle, certaines études ont établi des associations significatives entre les croyances paranormales et certaines variables du sommeil. Une équipe du Goldsmiths College de Londres s’est récemment penchée sur la question en impliquant un échantillon de plus de 8800 participants. Cette nouvelle étude suggère que les personnes qui croient fermement aux phénomènes paranormaux sont celles qui rapportent davantage de troubles du sommeil.

Cette étude a été menée par des spécialistes de la « psychologie anomalistique », une discipline pouvant être définie comme l’étude de phénomènes extraordinaires de comportement et d’expérience, y compris (mais sans s’y limiter) ceux qui sont qualifiés de « paranormaux ». L’objectif est de comprendre et d’expliquer ces expériences atypiques en matière de facteurs psychologiques et physiques connus. L’unité de psychologie anomalistique du Goldsmiths College a été fondée en 2000 par le professeur Christopher French, co-auteur de la présente étude et ancien rédacteur en chef de The Skeptic Magazine.

Le paranormal est accepté comme réel par une grande partie de la population. Un sondage réalisé par le Daily Mail en 1998 a montré que plus de 60% des Britanniques croyaient au paranormal, et une enquête du Reader’s Digest menée en 2006 a révélé qu’un Britannique sur cinq est persuadé d’avoir vu un fantôme, tandis que près de la moitié prétend avoir lu dans les pensées d’autrui. Cette nouvelle étude visait à examiner les liens entre les croyances paranormales (telle que l’existence de fantômes et de démons, la vie après la mort et les visites d’extraterrestres) et la qualité du sommeil des individus.

La paralysie du sommeil considérée comme une manifestation démoniaque

Comme l’expliquent les chercheurs, les expériences paranormales — comme avoir vu un fantôme ou un extraterrestre — sont souvent vécues durant la nuit. C’est sans doute la raison pour laquelle plusieurs études ont révélé des relations significatives entre certaines variables du sommeil et des expériences et croyances considérées comme paranormales. Par exemple, des études ont suggéré que les personnes ayant de fermes croyances spirituelles et paranormales étaient davantage sujettes à la paralysie isolée du sommeil (ISP) — une brève incapacité de mouvement qui se manifeste lors des transitions entre l’éveil et le sommeil.

Dans certains pays, ce trouble du sommeil est même directement associé à un être surnaturel. En Égypte, une croyance répandue veut qu’il soit causé par des djinns, tandis qu’en Italie, la paralysie du sommeil serait le signe d’une attaque du Pandafeche, un être maléfique et terrifiant. Une étude menée auprès d’étudiants américains a répertorié les êtres non humains perçus pendant ces épisodes de paralysie : il s’agissait le plus souvent de fantômes ou de « personnes de l’ombre ». Toutes ces croyances sont en réalité liées à des niveaux accrus d’anxiété et de détresse qui surviennent lors des paralysies.

Un autre trouble du sommeil, nommé « syndrome de la tête qui explose » (ou EHS, pour Exploding Head Syndrome), a lui aussi été associé à la croyance du surnaturel. Ce syndrome se manifeste pendant la première phase du sommeil : l’individu sur le point de s’endormir (ou qui vient de s’endormir) ressent soudainement l’impression d’un bruit fort (indolore), qui s’accompagne d’hallucinations et d’un inconfort global (sensation de difficultés respiratoires, palpitations, fourmillements). Pour 2,8% des personnes concernées, ce trouble résulte de causes non biologiques et surnaturelles.

Pour examiner plus avant le lien entre les croyances paranormales et les variables du sommeil, les chercheurs se sont concentrés sur six croyances répandues, et leurs associations avec les variables de la qualité du sommeil (l’efficacité du sommeil, la durée, la latence, les symptômes d’insomnie), l’ISP et l’EHS.

Des hallucinations perçues comme la preuve de l’existence d’extraterrestres

Au total, 8853 adultes ont répondu à une enquête lancée par le BBC Science Focus Magazine, dans laquelle elles ont fait état de leurs données démographiques, de leurs troubles du sommeil et de leurs croyances paranormales, parmi : 1) l’âme continue à vivre après la mort ; 2) les fantômes existent ; 3) les démons existent ; 4) certaines personnes sont capables de communiquer avec les morts ; 5) les expériences de mort imminente sont des preuves de la vie après la mort ; et 6) les extraterrestres ont visité la Terre/ont interagi avec les humains. Les options de réponse pour ces six éléments allaient de 1 (certainement pas) à 5 (oui, absolument).

Les résultats ont montré que les personnes déclarant un haut niveau de croyances paranormales sont également celles qui rapportent un sommeil de piètre qualité ; elles mettent beaucoup plus de temps à s’endormir, dorment moins longtemps et souffrent d’insomnie.

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Relations entre les croyances paranormales et les variables subjectives de la qualité du sommeil. © B. Rauf et al.

En outre, diverses croyances anormales étaient associées à l’ISP et à l’EHS. La croyance que les extraterrestres ont visité la Terre ou interagi avec des humains était plus courante chez les participants qui ont déclaré des épisodes d’ISP ou d’EHS. L’ISP était également associée à la croyance que les expériences de mort imminente sont des preuves de la vie après la mort. « Comme l’ISP implique différents types d’hallucinations, notamment auditives et visuelles, et que l’EHS implique généralement un bang, nos résultats suggèrent que la croyance aux extraterrestres peut être associée à des troubles du sommeil qui produisent des sons ou des images », notent les chercheurs.

Certaines des associations identifiées ici pourraient être expliquées par l’anxiété à propos de certaines croyances paranormales (par exemple l’existence de fantômes et de démons) interférant avec le sommeil. Cette théorie ne permet toutefois pas d’expliquer les liens établis avec d’autres croyances paranormales (telles que la croyance en l’âme et en la vie après la mort). Les mécanismes sous-jacents à ces associations sont probablement complexes et doivent donc être explorés plus avant dans de futures études.

En attendant, ces premiers résultats pourraient être utilisés en psychothérapie. « La compréhension de ces liens peut représenter une première étape vers l’obtention d’informations qui pourraient potentiellement être fournies dans le cadre d’une psychoéducation visant à soutenir certaines personnes aux prises avec des problèmes de sommeil », concluent les auteurs de l’étude.

Source : B. Rauf et al., Journal of Sleep Research

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