Espadon de Chine : première espèce officiellement éteinte de l’année 2020

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| Hui Zhang et al . 2019
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La liste des espèces éteintes tenue par l’UICN ne cesse de s’allonger depuis ces dernières années, et il se pourrait qu’un nouvel ajout doive être fait. L’espadon de Chine (Psephurus gladius), endémique du fleuve Yangzi Jiang en Chine, serait en effet définitivement éteint depuis au moins 10 ans. Étant l’un des plus grands poissons d’eau douce au monde, sa disparition est une véritable perte pour la biodiversité fluviale chinoise, et un symptôme du manque de moyens alloués à la conservation des espèces en danger.

Dans un nouvel article, des biologistes marins dirigés par Hui Zhang de l’Académie chinoise des sciences de la pêche à Wuhan, en Chine, annoncent que l’espadon chinois (Psephurus gladius) n’existe plus, ayant probablement disparu entre 2005 et 2010. Le poisson était autrefois commun du fleuve Yangzi en Chine, écrivent les chercheurs, mais la surpêche et la fragmentation de l’habitat ont scellé le destin de l’espèce. Et il n’y a aucun espoir de le ramener.

« Comme aucun individu n’existe en captivité et qu’aucun tissu vivant n’est conservé pour une éventuelle résurrection, le poisson doit être considéré comme éteint selon les critères de la Liste rouge de l’UICN » explique Zhang, se référant à la liste des espèces menacées et en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature. La situation est détaillée dans la revue Science of the Total Environment.

Extinction de l’espadon de Chine : disparition de l’un des plus grands poissons d’eau douce au monde

L’espadon de Chine était une créature impressionnante, avec un gros museau saillant. Ce nez a donné au poisson l’un de ses surnoms, xiang yu, ou « poisson éléphant » en mandarin. Il pouvait atteindre 7 mètres de long, le plaçant parmi les esturgeons et les alligators garpiques comme l’un des plus grands poissons d’eau douce au monde.

Des polyodons ont été régulièrement pêchés dans le fleuve Yangzi jusque dans les années 1970. En 1981, un barrage majeur, le barrage de Gezhouba, a été construit dans la rivière et a divisé la population de polyodons chinois en deux.

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Pouvant atteindre jusqu’à 7 mètres de long, l’espadon de Chine faisait partie des plus grands poissons d’eau douce au monde. Crédits : Hui Zhang et al . 2019

Le barrage a également empêché les poissons piégés en dessous de nager en amont des affluents où ils pouvaient frayer. L’espèce a été répertoriée comme l’un des animaux les plus menacés de Chine en 1989, mais la population a continué de décliner malgré cette inscription. La dernière observation d’un polyodon chinois remonte à 2003.

Les chercheurs ont parcouru les enregistrements d’observations remontant à 1981 et ont mené des enquêtes sur le terrain en 2017 et 2018 du Yangzi et de ses affluents et lacs : la rivière Yalong, Heng, Min, Tuo, Chishui, Jialing, Wu, Han, ainsi que le lac Dongting et Poyang. Les chercheurs ont mis en place des filets de pêche pour capturer les espèces dans ces cours d’eau et enquêté sur les marchés aux poissons locaux, à la recherche de preuves indiquant que cette espèce d’espadon pourrait encore être vivante.

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Historique des différents contrôles et observations effectués concernant l’espadon de Chine. Crédits : Hui Zhang et al. 2019

Ils ont trouvé 332 espèces de poissons mais pas un seul espadon de Chine. Les données d’observation historiques suggèrent que peu de polyodons ont été vus après environ 1995. Les preuves suggèrent que le poisson en amont du barrage s’est fonctionnellement éteint — incapable de se reproduire dans le milieu naturel — vers 1993. L’espèce s’est accrochée jusqu’en 2005 environ, ou peut-être 2010 au plus tard, selon les chercheurs.

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Une situation symptomatique de la mauvaise gestion des espèces en danger d’extinction

La perte du polyodon chinois donne des leçons sur la manière d’assurer la survie d’autres espèces menacées du Yangzi, écrivent les chercheurs. Premièrement, des relevés plus fréquents du bassin hydrographique permettraient aux scientifiques de garder un œil sur les espèces en difficulté.

Avant l’enquête de 2017 menée par Zhang et son équipe, la dernière enquête complète sur les poissons du Yangzi et de ses affluents a eu lieu en 1975. Deuxièmement, les efforts de sauvetage devraient commencer beaucoup plus rapidement.

La plupart du travail intense accompli pour sauver l’espadon de Chine a commencé après 2006, probablement après la disparition du poisson. Pour empêcher l’extinction de l’espèce, les efforts de sauvetage auraient dû commencer avant 1993, lorsque le poisson est devenu fonctionnellement éteint.

De nombreuses espèces du Yangzi, comme l’alligator chinois (Alligator sinensis), sont suspendues à un fil, mais pourraient encore être sauvées. Donner la priorité à leur survie maintenant, avant qu’ils ne franchissent le point de non-retour, peut être le seul moyen de sauver l’immense biodiversité de la rivière.

Sources : Science of the Total Environment

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