La viande cultivée en laboratoire s’affirme comme une alternative prometteuse et plus écologique face à la viande conventionnelle. L’industrie agroalimentaire, telle qu’elle se déploie aujourd’hui, est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et consomme également beaucoup d’eau. En outre, cette innovation permet de s’affranchir de l’abattage des animaux. Toutefois, son déploiement dans les rayons des supermarchés ne semble pas imminent, car le secteur doit surmonter un obstacle majeur : le coût.
La viande issue de culture cellulaire, connue également sous le nom de viande in vitro, est produite à partir de cellules animales sans nécessiter l’abattage. Le processus débute par le prélèvement de cellules souches musculaires sur des animaux vivants. Ces cellules, dotées de la capacité de se multiplier et de se transformer en divers types de tissus, sont placées dans un bioréacteur. Ce dernier leur fournit un milieu de culture approprié, où elles se différencient en myoblastes, précurseurs des fibres musculaires.
Au fil du temps, ces myoblastes fusionnent pour former des fibres musculaires multicellulaires. Elles se développent et s’épaississent, adoptant ainsi la texture caractéristique de la viande. Une fois la consistance et la masse souhaitées atteintes, la viande est récoltée et peut être utilisée comme n’importe quelle viande traditionnelle.
Traditionnellement, la viande cellulaire trouve son usage dans les secteurs pharmaceutique et médical, souvent dans le cadre du développement de vaccins et de médicaments. Cependant, pour des raisons éthiques et écologiques, cette innovation commence à s’intégrer au secteur alimentaire. Les quelques entreprises pionnières de cette industrie émergente adoptent des procédés similaires à ceux du secteur pharmaceutique, espérant se faire une place sur le marché. Ces viandes cultivées s’inviteront-elles bientôt dans nos assiettes ?
Le défi du prix
À ce jour, les entreprises du secteur s’efforcent de rendre la viande de culture financièrement accessible. Selon le média Wired, le coût de ce produit peut atteindre jusqu’à 10 000 dollars par livre (environ 450 grammes). Cependant, selon la méthode de production, ce chiffre peut être ramené à moins de 100 dollars, bien que ce montant reste supérieur aux prix des viandes traditionnelles.
Le principal facteur de coût dans la production de viande cultivée réside dans le milieu cellulaire. Ce mélange nutritif complexe soutient la croissance et la division des cellules en culture. Il contient des éléments essentiels tels que des nutriments, des acides aminés et des facteurs de croissance, imitant les conditions biologiques nécessaires à la survie et à la prolifération des cellules en dehors de l’organisme. Il est estimé que la culture d’un kilogramme de viande nécessite des dizaines de litres de ce liquide. Pour l’instant, rendre le produit économiquement viable et compétitif demeure un défi pour les entreprises.
Les stratégies de réduction des coûts
Face à cet enjeu financier, les startups de viande cellulaire redoublent d’efforts. Chaque entreprise élabore sa propre stratégie pour s’imposer sur le marché. SuperMeat, une société israélienne, prétend pouvoir réduire le coût de sa viande de poulet cultivée à 11,80 dollars la livre, grâce à une production à très grande échelle. Pour y parvenir, elle devrait investir dans des bioréacteurs de 25 000 litres, un équipement 2 500 fois plus grand que ceux actuellement utilisés.
Vow, une entreprise australienne, envisage de positionner son produit comme un article de luxe. Le prix se situerait alors dans la fourchette haute, avec un coût de plusieurs centaines de dollars la livre. L’enseigne cible des établissements spécifiques tels que des restaurants et des bars haut de gamme. Aujourd’hui, le foie gras produit par la marque contient uniquement 51 % de viande cellulaire, le reste étant composé de matières grasses végétales et d’arômes de cosses de maïs.
Pour abaisser les coûts, certaines entreprises optent pour une réduction de cette proportion. Eat Just, par exemple, commercialise des lanières de poulet ne comportant que 3 % de cellules de poulet cultivé, le reste étant constitué d’ingrédients d’origine végétale. Quoi qu’il en soit, ces entreprises devront encore intensifier leurs efforts en matière de marketing pour susciter l’intérêt et valoriser ces produits aux yeux des consommateurs.