Une nouvelle espèce de tortue géante découverte sur une île des Galápagos

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Une supposée C. chathamensis (une tortue géante) sur l'île de San Cristobal, aux Galápagos. | Parc National des Galapagos/AFP
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La tortue géante Chelonoidis chathamensis est une espèce endémique — spécifique à une région géographique — de l’île de San Cristóbal aux Galápagos. Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient qu’il s’agissait d’une espèce enregistrée depuis des années, alors que deux lignées distinctes auraient pu cohabiter sur l’île. Par comparaison d’ADN, des chercheurs ont mis en évidence une nouvelle espèce qui vit actuellement dans les basses terres du nord-est de San Cristóbal. Cette découverte pourrait aboutir à l’établissement d’un nouveau nom scientifique pour l’espèce actuelle de tortue de San Cristóbal.

Les îles Galápagos sont situées à environ 1000 km des côtes de l’Équateur, dans l’océan Pacifique. Puisqu’il abrite des espèces uniques, cet archipel est reconnu comme laboratoire naturel pour l’étude des processus évolutifs, dont Charles Darwin s’est d’ailleurs inspiré pour sa théorie de l’évolution. Il abrite notamment l’île de San Cristóbal (557 km de long), qui a été l’une des premières îles colonisées par les tortues, lesquelles se sont étendues à 10 îles de l’archipel depuis.

Des chercheurs de l’université de Newcastle, de l’université de Yale, de l’ONG américaine Galapagos Conservancy et d’autres institutions, ont comparé l’ADN contenu dans les mitochondries des os et des carapaces récoltés en 1906 dans une grotte située sur les hauts plateaux de l’île, avec des tortues y vivant actuellement. « L’espèce de tortue géante qui peuple l’île San Cristóbal, jusqu’à présent connue scientifiquement sous le nom de Chelonoidis chathamensis, correspond génétiquement à une espèce différente », a déclaré le ministère équatorien de l’environnement sur Twitter.

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Peut-on conclure à l’existence d’une nouvelle espèce de tortue géante ?

L’espèce C. chathamensis est « presque certainement éteinte » a indiqué le Galapagos Conservancy dans un bulletin d’information. Jusqu’à présent, les scientifiques supposaient que les tortues qui vivent actuellement à San Cristóbal appartenaient à cette même espèce décrite en 1906 lors de l’expédition de l’Académie des sciences de Californie dans les hautes terres du sud-ouest de l’île. Mais l’expédition n’avait jamais atteint les basses terres du nord-est de San Cristóbal, où vivent aujourd’hui les tortues.

Les scientifiques ont donc prélevé des échantillons génétiques de centaines de tortues géantes vivant sur l’île, et des os et carapaces d’espèces collectées il y a plus de 100 ans : cinq tortues décédées depuis longtemps et trouvées dans la grotte, et une trouvée vivante lors de l’expédition de 1906.

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Carte de l’archipel des Galápagos, indiquant la localisation de chaque espèce de Chelonoidis, avec l’île de San Cristóbal agrandie dans l’encart. © Jensen, E.L., Quinzin, M.C., Miller, J.M. et al. (2022)

Par comparaison de l’ADN mitochondrial, les chercheurs ont trouvé que les tortues vivantes partageaient toutes le même ensemble de gènes, et que la tortue collectée vivant en 1906 était dans le même clade que celui de la population contemporaine, ne présentant que quelques différences. Au contraire, les individus décédés depuis longtemps présentaient des gènes distincts et se rapprochaient plutôt d’espèces d’autres îles des Galápagos, comme les tortues des îles Española et Pinta. Les ancêtres des tortues géantes des hautes terres se sont probablement propagées vers d’autres îles.

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Lien taxonomique entre les espèces de tortues des Galápagos : le nom de l’île où chaque espèce est présente est indiqué en lettres capitales, et la taxonomie actuelle en italique. Les haplotypes sont représentés par des cercles noirs sur le réseau, la taille du cercle étant proportionnelle à la fréquence de l’haplotype dans l’analyse. Les cercles ouverts représentent des haplotypes hypothétiques non échantillonnés, et les points de suspension indiquent un seul changement mutationnel. © Jensen, E.L., Quinzin, M.C., Miller, J.M. et al. (2022)

L’île aurait en fait abrité deux variétés différentes de tortues géantes, qui auraient pu cohabiter : l’une vivant dans les hautes terres (jusqu’à son extinction au milieu du 20e siècle), et l’autre dans les basses terres. D’après ce même bulletin d’information, il existait peut-être deux îles distinctes, à une époque où le niveau de la mer était élevé. Les deux îles auraient alors fusionné (tout comme les tortues en quelques sortes) quand le niveau de la mer a baissé.

En fin de compte, les 8000 tortues qui vivent sur l’île de San Cristóbal aujourd’hui peuvent ne pas être correctement appelées C. chathamensis, car elles sont d’une autre lignée (ou taxon) qui n’a pas encore de nom scientifique. Récupérer davantage d’ADN sur les os et les carapaces de la lignée éteinte permettrait de clarifier le statut taxonomique des tortues de San Cristóbal, et de mieux comprendre comment l’espèce vivante actuelle est liée à l’espèce éteinte. L’espèce vivant actuellement sur l’île pourrait donc recevoir un nouveau nom.

En 2019, une tortue géante de l’espèce Chelonoidis phantastica, considérée comme éteinte depuis plus de 100 ans, avait été retrouvée sur l’île Fernandina lors d’une expédition conjointe menée par la Direction du parc national des Galápagos et le Galápagos Conservancy.

Source : Heredity

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