Préserver son cerveau en faisant la sieste : une réalité scientifique ?

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| DjelicS/Getty Images
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Face au vieillissement croissant de la population mondiale et à l’augmentation de la prévalence des maladies neurodégénératives, la pratique régulière de la sieste pourrait avoir un impact positif sur la santé du cerveau. En effet, des chercheurs ont découvert que les personnes qui font régulièrement une sieste pendant la journée présentent un volume cérébral plus important, équivalent à un rajeunissement de 2,6 à 6,5 ans. Cette découverte est particulièrement intéressante car le rétrécissement du cerveau, un processus qui se produit normalement avec l’âge, est accéléré chez les personnes souffrant de maladies neurodégénératives.

La sieste, souvent reléguée au rang de simple pause réparatrice ou de caprice de l’après-midi, pourrait bien détenir des secrets insoupçonnés pour notre santé cérébrale. Dans un contexte où le vieillissement de la population et l’augmentation de la prévalence des maladies neurodégénératives constituent des enjeux majeurs de santé publique, la recherche de facteurs de prévention et de protection est plus que jamais d’actualité.

Récemment, une équipe internationale de chercheurs menée par Valentina Paza, neuroscientifique à l’University College London (UCL), a conduit une étude innovante explorant le lien entre la sieste diurne et le volume du cerveau. Les chercheurs ont découvert un rôle potentiel de la sieste dans la préservation de la santé cérébrale. Cette étude, qui ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension du rôle du sommeil, pourrait avoir des implications significatives pour la prévention des maladies neurodégénératives.

Une approche génétique pour comprendre la sieste

Pour mener à bien leur recherche, les auteurs ont puisé dans une ressource précieuse : l’étude UK Biobank. Cette vaste enquête a recueilli une multitude d’informations sur un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans, allant de leurs données génétiques à leurs habitudes de vie et leurs données de santé.

Dans le cadre de la présente étude, l’objectif de l’équipe était d’examiner si une combinaison spécifique de variantes génétiques — associées dans des études précédentes à la pratique habituelle de la sieste diurne — pouvait également être liée à d’autres aspects de la santé cérébrale.

À l’aide d’une technique appelée randomisation mendélienne, ils ont examiné 97 extraits d’ADN censés déterminer la probabilité qu’un individu fasse une sieste régulièrement. Ils ont comparé les mesures de la santé cérébrale et de la cognition des personnes qui sont plus « programmées » génétiquement pour faire la sieste avec des homologues qui n’avaient pas ces variantes génétiques.

Plus précisément, ils ont cherché à voir si ces variantes génétiques étaient associées à des différences dans le volume du cerveau, les performances cognitives et d’autres indicateurs de santé cérébrale. Comme l’expliquent les auteurs dans un communiqué, en se concentrant sur les variantes génétiques associées à la sieste, ils ont pu isoler l’effet potentiel de la sieste elle-même. Ils évitent ainsi la confusion avec d’autres facteurs de style de vie qui pourraient influencer à la fois les habitudes de sieste et la santé du cerveau.

La sieste, rempart contre le vieillissement ?

Les résultats de cette étude ont révélé une association notable entre la prédisposition génétique à la sieste diurne habituelle et un volume cérébral plus important. Plus précisément, les personnes qui avaient une prédisposition génétique à faire la sieste présentaient un volume cérébral équivalent à celui d’une personne plus jeune de 2,6 à 6,5 ans. Cela suggère que la sieste pourrait avoir un effet protecteur sur le cerveau, ralentissant potentiellement le processus de rétrécissement cérébral qui accompagne le vieillissement.

Cependant, il est important de noter que cette association n’a été observée qu’avec le volume du cerveau, et non avec les performances cognitives. En d’autres termes, bien que les personnes ayant une prédisposition génétique à la sieste aient tendance à avoir un volume cérébral plus grand, cela ne se traduisait pas nécessairement par de meilleures performances cognitives — comme un temps de réaction réduit.

Une étude limitée qui interroge

Cela soulève des questions sur la nature exacte de la relation entre la sieste, le volume du cerveau et la cognition. Il se peut que ses effets soient plus subtils ou complexes, et ne soient pas capturés par des mesures simples comme le temps de réaction.

Sans compter que cette étude présente certaines limites. Tout d’abord, elle est basée uniquement sur des données provenant de personnes blanches britanniques. De plus, la durée exacte des siestes associée aux avantages n’est pas claire. Il n’est pas non plus certain que les mêmes avantages de la sieste seraient observés chez des personnes sans prédisposition génétique à la sieste.

Un potentiel outil de prévention de la démence ?

Malgré tout, cette étude offre une nouvelle piste pour comprendre et combattre les processus de dégénérescence cérébrale. Elle pourrait potentiellement conduire à de nouvelles approches de prévention et de traitement de la démence, en mettant l’accent sur l’importance du sommeil et de la sieste dans le maintien de la santé cérébrale.

Cependant, il est crucial de ne pas perdre de vue le fait que la démence est une maladie complexe, influencée par une multitude de facteurs de risque. Ces facteurs vont des conditions génétiques et médicales, comme l’hypertension et le diabète, à des facteurs de style de vie, comme l’alimentation et l’exercice physique. De même, le volume du cerveau peut être affecté par une variété de facteurs, allant des conditions de santé sous-jacentes à l’âge et au sexe.

Bien que cette étude souligne l’importance potentielle de la sieste pour la santé du cerveau, elle ne remplace pas l’importance d’une approche globale de la santé et du bien-être pour la prévention de la démence. Une alimentation équilibrée, une activité physique régulière, un sommeil de qualité, une bonne gestion du stress et des soins médicaux appropriés restent les piliers de la préservation de la santé cérébrale. Dans cet arsenal, la sieste constitue peut-être un outil supplémentaire.

Source : Sleep Health

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