Une entreprise dévoile la première boulette de viande de mammouth laineux au monde

boulette viande mammouth
| Wunderman Thompson
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Une start-up dévoile la première boulette de viande de mammouth laineux au monde, entièrement composée de cellules cultivées. Loin d’être une plaisanterie, cette « viande du futur » ouvrirait la voie à une révolution de l’industrie alimentaire, qui vise à réduire son empreinte carbone tout en restant économiquement rentable.

D’après les derniers rapports des Nations-Unies, l’élevage représente environ 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À lui seul, l’élevage serait responsable de 14% de la déforestation mondiale et figure parmi les principales menaces pour la biodiversité. Or, au rythme actuel de notre croissance démographique, la consommation de viande pourrait augmenter de 70% d’ici 2050. Afin d’atténuer les effets du changement climatique, nos modes de production alimentaire et de consommation nécessitent ainsi des changements radicaux, pour être plus durables et plus respectueux de l’environnement.

Dans l’ambition de révolutionner l’industrie alimentaire, les entreprises Vow, Wunderman Thompson et une équipe d’experts internationale ont présenté leur boulette de viande de mammouth laineux au Science Museum d’Amsterdam (Pays-Bas). L’objectif est notamment d’initier et de sensibiliser les producteurs et les consommateurs à se tourner vers une industrie alimentaire plus durable.

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L’entreprise a symboliquement choisi la viande de mammouth laineux comme premier produit, car l’animal s’est éteint il y a 4000 ans à cause du réchauffement climatique. « Nous sommes confrontés à un sort similaire si nous ne faisons pas les choses différemment, y compris en changeant des pratiques telles que l’agriculture à grande échelle et la façon dont nous [produisons et] mangeons », estime Tim Noakesmith, fondateur de Vow. D’un autre côté, l’entreprise vise également à démontrer une prouesse technologique en offrant des expériences culinaires inédites.

mammouth laineux
Le mammouth laineux s’est éteint il y a 4000 ans à cause du réchauffement climatique. © Wunderman Thompson

Une viande créée à partir d’ADN de mammouth et d’éléphant

Pour fabriquer leur viande, Vow a combiné de l’ADN de mammouth laineux avec des fragments de celui de l’éléphant d’Afrique. Le génome de l’animal disparu n’ayant pas été entièrement conservé, il a notamment fallu combler les lacunes avec celui de son plus proche parent encore vivant. L’ADN reconstitué a ensuite été inséré dans des cellules de mouton par le biais d’impulsions électriques. Les cellules ont ensuite été cultivées pendant plusieurs semaines pour former des tissus primaires, puis de la chair.

À savoir qu’il existe déjà des aliments fabriqués en laboratoire par le biais de la culture cellulaire, y compris de la viande (et bientôt à grande échelle). De son côté, Vow propose de la viande ancestrale incluant les mêmes valeurs nutritionnelles que la viande conventionnelle. De plus, la start-up ambitionne de la rendre encore plus savoureuse grâce à l’identification de l’ADN de myoglobine de mammouth, un ingrédient clé conférant son goût à la viande et qui pourrait satisfaire les papilles les plus exigeantes.

Une vidéo montrant comment la boulette de viande de mammouth est fabriquée :

 

Présentée de façon spectaculaire sous une cloche fumante et dressée tel un véritable plat gastronomique, la boulette géante a été cuite au four à basse température, puis a été dorée au chalumeau. « Notre objectif est d’entamer une conversation sur la manière dont nous mangeons, mais aussi de montrer à quoi pourraient ressembler les alternatives futures et de prouver qu’elles peuvent avoir du goût », explique Bas Korsten dans un communiqué, initiateur du projet et chef du département de création chez Wunderman Thompson.

Toutefois, la viande de mammouth de Vow n’est pas encore prête à être consommée. Ses protéines principales, vieilles de plusieurs milliers d’années, nécessitent en effet des tests d’innocuité avant de pouvoir être ingérées en toute sécurité par l’Homme moderne. Néanmoins, des experts estiment que la viande de culture serait sans risque en étant produite dans des conditions contrôlées et aseptisées, contrairement à la viande traditionnelle. La viande de culture éliminerait d’ailleurs les risques sanitaires mondiaux liés aux antibiotiques d’élevage.

Plus rentable et plus respectueuse de l’environnement

Une analyse menée par Good Food Institute (GFI) a permis d’évaluer les avantages d’une production de viande de culture à grande échelle. La viande artificielle visant à être produite essentiellement par le biais d’énergies renouvelables, son empreinte carbone serait inférieure de 95% par rapport à celle de la production de viande conventionnelle et de fruits de mer d’élevage. Selon les estimations les plus optimistes, la viande de culture pourrait réduire les émissions de carbone du boeuf de 92%, du porc de 44% et de 3% pour le poulet, d’ici 2030 environ. La pollution de l’air serait réduite jusqu’à 94%, 42% et 20% respectivement pour le bœuf, le porc et le poulet.

Le passage des industries à la viande artificielle permettrait également de convertir des millions d’hectares de parcelles agricoles en terres de biodiversité, car les terrains dédiés à l’élevage des animaux et aux installations d’abattage ne seraient plus nécessaires. Les terres pourraient en effet être utilisées pour la séquestration de carbone en y plantant des arbres et en les convertissant ainsi également en habitats sauvages.

D’un point de vue économique, la viande de culture serait nettement plus compétitive en matière de coûts, d’ici 2030, par rapport à certaines viandes conventionnelles. Sa facilité de production lui permettrait notamment d’être plus abordable à la vente, tout en respectant une qualité optimale. Par ailleurs, ces nouvelles industries alimentaires fourniraient de nombreuses opportunités d’emploi. Le rapport du GFI estime qu’une seule installation de production pourrait fournir entre 130 et 200 emplois bien rémunérés en zones urbaines et rurales.

Il faut toutefois garder à l’esprit que la conversion vers la viande artificielle sera difficilement acceptée, malgré ses avantages. « La viande de culture aura besoin du soutien des systèmes politiques afin de générer suffisamment d’élan et d’argent pour soutenir cette toute nouvelle technologie », souligne James Ryall, chef du département scientifique chez Vow. Pour se diriger vers la commercialisation de sa viande cultivée, l’entreprise compte lancer une première marque de cailles japonaises artificielles à Singapour.

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