Un nouveau vaccin nasal diminue drastiquement l’allergie aux arachides chez des souris

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Arachis hypogaea, plus connue sous le nom d’« arachide » ou de « cacahuète », est une plante légumineuse d’Amérique du Sud dont les graines oléagineuses entrent dans la composition de très nombreux produits alimentaires. L’allergie aux arachides est une allergie alimentaire extrêmement répandue : 11% des américains en souffrent et sa prévalence, estimée à 1%, est en constante augmentation. Récemment, une équipe d’immunologistes a testé avec succès un vaccin par spray nasal ayant nettement réduit l’allergie aux arachides chez des souris, et ce après seulement 3 doses.

Avec le changement de nos modes d’alimentation, les allergies alimentaires se sont rapidement répandues, et la prévalence des allergies aux œufs, au lait, aux fruits de mer et aux arachides augmente inexorablement au cours du temps. En Europe, cette dernière touche environ 7% des enfants et plus de 4% des adultes. Une allergie est provoquée par la réaction immunitaire excessive de l’organisme à la présence d’un élément particulier.

Ainsi, les symptômes d’une allergie peuvent prendre la forme de prurits, d’œdèmes, de crises d’asthmes, de troubles digestifs. Dans les cas les plus graves, l’apparition d’œdèmes de Quincke peuvent obstruer les voies respiratoires, et la situation peut conduire à un choc anaphylactique potentiellement mortel s’il n’est pas rapidement pris en charge. Pour éviter de tels troubles, les personnes allergiques aux arachides doivent prendre de grandes précautions afin de consommer des produits qui en sont dénués.

Mais cela est peut-être sur le point de changer. Après plusieurs essais sur des souris, un nouveau vaccin à dispersion nasale a révélé des résultats prometteurs. L’étude conduite par des chercheurs de l’université du Michigan a montré qu’en deux semaines, des souris allergiques aux arachides avaient développé une tolérance alimentaire après une dose mensuelle de spray nasal sur une période de trois mois. Les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Allergy and Clinical Immunology.

« Pour le moment, la seule façon de gérer les allergies alimentaires selon la FDA est d’éviter les aliments incriminés ou de traiter l’allergie une fois qu’elle s’est déclarée » explique Jessica O’Konek, pharmacologiste et auteure principale de l’étude. « Notre objectif est d’utiliser l’immunothérapie afin de modifier la réponse du système immunitaire, en développant un vaccin thérapeutique contre les allergies alimentaires ».

reaction allergique
L’allergie est une exagération pathologique de la réponse du système immunitaire à un allergène. La libération massive d’histamines par les cellules immunitaires peut entraîner divers symptômes de gravité variable. Crédits : Dreamstime

Certaines substances de signalisation cellulaire appelées « cytokines » ont pour rôle de réguler l’activité du système immunitaire ainsi que différentes fonctions de réponse immunitaire à la présence d’éléments étrangers ou toxiques dans l’organisme. Les lymphocytes T auxiliaires (ou lymphocytes T CD4+) produisent deux types de cytokines : les cytokines Th1 sont responsables de la signalisation cellulaire amenant à la destruction de certains intrus cellulaires comme les bactéries ou les protozoaires. Tandis que les cytokines Th2 agissent contre les pathogènes extracellulaires (par exemple les parasites) en recrutant des mastocytes (cellules immunitaires) ; ces dernières libèrent des histamines, provoquant une réaction immunitaire.

Ces deux types de cytokines se régulent simultanément afin de conserver une réponse immunitaire appropriée et contrôlée. Les allergies résultent d’une signalisation cellulaire hyperactive des cytokines Th2 surpassant celle des Th1, et entraînant une exagération de la réaction immunitaire. Une hypothèse avancée par les immunologistes suggère que l’absence de contact avec certains éléments au cours des premières années d’existence activerait plus intensément les Th2 que les Th1.

Cette hypothèse a permis de conduire certaines expériences visant à exposer lentement et progressivement des individus allergiques à des doses d’arachides de plus en plus importantes afin de rééquilibrer les deux réponses. Bien que ces tests aient été concluants, de même qu’avec les traitements à base de probiotiques, une simple dose d’un vaccin nasal serait bien plus facile et rapide à administrer. Ce dernier a été conçu pour augmenter la signalisation cellulaire des Th1, afin d’atténuer celle des Th2.

« En d’autres termes, nous changeons la façon dont les cellules immunitaires répondent aux allergènes » explique O’Konek. « Mais encore plus important, cela fonctionne même après que l’allergie soit établie, offrant ainsi une voie thérapeutique potentielle contre les allergies ». Pour ce faire, les chercheurs ont testé le vaccin sur des souris intolérantes aux arachides et développant des difficultés respiratoires ainsi que des dermatites en cas d’allergie. Après quelques semaines de projection du vaccin sur leur membrane nasale, les souris ont montré une nette diminution de leur hypersensibilité. L’analyse des cytokines des sécrétions nasales ont révélé une réduction de la réponse des Th2.

Bien que le mécanisme allergique soit virtuellement identique chez tous les animaux, cela n’assure pas que le vaccin puisse être également efficace chez l’Homme. De nombreux autres essais sur les souris seront nécessaires afin de valider et conforter les résultats d’ores et déjà obtenus, ainsi que l’innocuité à long terme des agents vaccinaux utilisés. Cependant, cela ouvre de prometteuses perspectives à la fois préventives et thérapeutiques. Transformer un régime contraignant en seulement trois doses de spray nasal améliorerait la vie de nombreuses personnes.

Source : Journal of Allergy and Clinical Immunology

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